Le recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton, lance un ultimatum: la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) devra changer d'ici la fin de l'été, sinon il claquera la porte lui aussi.

«J'ai avisé mes collègues que tel que ça fonctionne, je ne pourrai pas rester, parce que ça ne répond pas à mes besoins», a-t-il confirmé aux médias hier, en marge des Assises nationales de la recherche.

Selon lui, la CREPUQ doit se contenter d'être un organisme qui «ramasse des données», «aide à préparer des dossiers» et offre quelques services communs. Elle doit abandonner son mandat de représenter les universités auprès du gouvernement, puisqu'il est devenu trop «complexe» d'arriver à des positions communes entre les 18 établissements. «Nos messages sont édulcorés, a-t-il déploré. Sur probablement tous les sujets, je n'ai pas besoin de quelqu'un d'autre pour parler.» Il aurait voulu, par exemple, que la CREPUQ se positionne en faveur d'une modulation des droits de scolarité.

Mandat de la CREPUQ

Comme l'Université de Montréal verse un million par an à la CREPUQ, «je veux être sûr que c'est bien dépensé et que je n'ai pas là des dépenses dont je n'ai pas vraiment besoin», a souligné M. Breton. Il a ajouté que la CREPUQ est forcée de revoir son mandat avec la création prochaine d'un Conseil national des universités.

Le recteur de l'Université Laval, Denis Brière, a claqué la porte de la CREPUQ lundi. Il a été un peu vite en affaires, selon M. Breton. «Moi, je ne fonctionne pas comme ça», a-t-il dit.

La présidente de la CREPUQ, Luce Samoisette, reconnaît que la «recherche d'un consensus à tout prix» au sein de la CREPUQ est à l'origine de la crise. La révision de la formule du financement des universités divise les recteurs. «C'est clair qu'on ne s'entendra pas là-dessus», a-t-elle laissé tomber.

Journée de réflexion

La CREPUQ tiendra une «journée de réflexion stratégique» sur son avenir d'ici l'été. «Ça prend une association d'universités, ne serait-ce que pour les services communs comme les achats de collections de bibliothèques et la négociation des assurances responsabilité. Pour le reste, la portion lobby, on verra», a-t-elle affirmé.

Selon elle, le gouvernement Marois a alimenté la crise lors du Sommet sur l'enseignement supérieur en donnant une voix distincte au réseau des universités du Québec (UQ) plutôt que d'inviter seulement la CREPUQ, où les membres de l'UQ et les institutions à charte sont réunis. Ces deux clans sont en conflit depuis quelques mois.

Le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, n'a pas voulu se mêler de la crise à la CREPUQ. «La CREPUQ est toujours l'organisme qui représente les universités. Cependant, il faut reconnaître l'autonomie universitaire, la liberté qu'ont les gestionnaires d'établissement de choisir par qui ils veulent être représentés», a-t-il plaidé.

Aux côtés de MM. Breton et Brière, le ministre a confirmé l'attribution de subventions de 34,2 millions de dollars pour financer Génome Québec et 12 projets de recherche en génomique.

À la clôture des Assises, M. Duchesne a accusé Ottawa d'être responsable d'un «sous-financement chronique et historique» des coûts indirects associés à la recherche, comme les frais administratifs et l'entretien des bâtiments. Pour 2011-2012, ce sous-financement s'élevait à 172 millions pour le Québec, selon lui.