Il manque au minimum 300 millions dans le réseau universitaire pour maintenir une formation de qualité, estiment les professeurs d'université.

La Fédération québécoise des professeurs d'université (FQPPU) vient de dévoiler un volumineux rapport de 250 pages analysant le financement et l'utilisation des fonds de fonctionnement dans les universités depuis 10 ans.

Il manque au minimum de 800 à 1000 professeurs pour retrouver un rapport professeur-étudiants acceptable, croit la FQPPU. Pour atteindre les normes, il en faudrait davantage. Il y a quelques semaines, la FQPPU avait dévoilé un premier rapport sur l'utilisation des fonds d'immobilisation.

L'analyse des chiffres confirme tous les doutes, affirme le président de la FQPPU, Max Roy. «Il y a une tendance lourde à rendre l'université encore plus performante sur le plan administratif au détriment de la mission principale qui est une mission d'enseignement.»

Au cours de la dernière décennie, le nombre d'étudiants a constamment augmenté, mais pas le nombre de professeurs. Pendant que la masse salariale du corps professoral diminuait, celle de la direction a considérablement augmenté.

La masse salariale des recteurs, des vice-recteurs, du personnel de gérance et des membres de la haute direction a augmenté de 154 % en 10 ans. Pour la même période, la masse salariale des professeurs a chuté de 58 %.

La gestion accapare de plus en plus les budgets de fonctionnement, souligne le professeur Michel Umbriaco, spécialiste du financement. «Il y a de plus en plus de redditions de comptes qui sont demandées aux universités», dit-il en expliquant que les universités doivent engager du personnel pour y répondre, sans obtenir de rétroaction. «Il y a des caisses de rapports qui se rendent au gouvernement et que personne ne lit.»

300 millions manquants

Pendant ce temps, les salles de cours débordent. Les professeurs ne connaissent même pas le nom de leurs étudiants, ils sont des centaines dans un auditorium. Les services offerts dans les laboratoires diminuent.

Le réseau universitaire a un besoin urgent de 200 millions pour l'embauche de professeurs et de 100 millions pour les immobilisations et l'entretien, estime la FQPPU, qui promet un rapport plus détaillé sur cette question prochainement.

À l'aube du Sommet sur l'enseignement supérieur, les professeurs prônent aussi le retour d'un organisme semblable au Conseil des universités qui veillerait notamment au développement des programmes et des universités. Au cours des dernières années, la délocalisation des campus a mené à une «course à la clientèle», déplorent-ils.