Les professeurs de cégep affiliés à la CSN menacent de boycotter le Sommet sur l'enseignement supérieur des 25 et 26 février. Ils accusent le ministre Pierre Duchesne de renier une entente signée avec le précédent gouvernement pour assurer la reprise du trimestre perturbé par la grève étudiante.

«Nos membres sont très, très, très en colère. Ce qu'ils nous disent, c'est qu'on n'est pas sûr de vouloir s'asseoir au Sommet dans ces conditions», a affirmé à La Presse, jeudi, la présidente de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), Caroline Senneville.

L'entente a été conclue en août dernier afin d'assurer la reprise du trimestre d'hiver et la tenue en accéléré du trimestre de l'automne. Elle prévoyait l'embauche de 180 professeurs de plus pour prêter main-forte à leurs collègues dans les 13 cégeps représentés par la CSN et touchés par la grève. Québec s'engageait à assumer la facture de 31 millions de dollars.

Or, le gouvernement Marois a indiqué au syndicat récemment qu'il ne versera que la moitié de la somme, 15 millions. «C'est un non-respect flagrant d'une entente qui a été négociée de bonne foi de notre part. L'entente a été signée, la job a été faite, et bien faite. Tous les professeurs ont signé des contrats qui doivent être respectés», a tonné Caroline Senneville. Les cégeps, qui subissent déjà des compressions, devront payer la note.

La FNEEQ-CSN exige que le gouvernement respecte sa signature. Ses syndicats se réuniront les 7 et 8 février pour adopter un plan d'action qui prévoit des sorties publiques, une campagne de visibilité et le boycott du Sommet.

L'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) décidera ce week-end si elle boude l'événement comme le recommande son conseil exécutif. Elle est en furie parce que le gouvernement Marois rejette la gratuité scolaire.

Le Parti libéral trouve normal que l'ASSÉ envisage cette option. «Je comprends que l'ASSÉ se sente trahie. Le PQ leur a dit que tout était sur la table, mais ce n'est pas la vérité», a affirmé le député Gerry Sklavounos. Pierre Duchesne s'étonne que le PLQ se fasse maintenant «le procureur de l'ASSÉ» après la crise de l'an dernier.

Une première association affiliée à l'ASSÉ, celle du cégep de Saint-Laurent, a voté en faveur d'une grève le 26 février, en plein Sommet. D'autres pourraient emboîter le pas. L'ASSÉ prépare une manifestation ce jour-là. «Que les gens expriment leurs positions de différentes façons, je n'ai pas de problème avec ça», a réagi M. Duchesne. Il a toutefois noté qu'«il faut que ça se fasse de façon responsable».

Jeudi soir, des manifestants ont perturbé sa quatrième et dernière rencontre préparatoire au Sommet, à l'Université du Québec à Rimouski. Une cinquantaine d'étudiants de l'université et d'élèves du cégep local - qui ne sont pas affiliés à l'ASSÉ - se trouvaient à l'extérieur de l'auditorium où était réunie la centaine de participants à la rencontre. Ils ont frappé sur les portes pendant de longues minutes, forçant l'animateur à interrompre la rencontre à quelques reprises. Pierre Duchesne a prononcé son discours sous le bruit des manifestants.