Sans préciser d'où viendra l'argent, le ministre Pierre Duchesne fait miroiter un réinvestissement dans les universités à la condition qu'une entente soit conclue au Sommet sur l'enseignement supérieur de février.

Cette condition tombe alors que les perspectives d'un consensus sont minces entre tous les acteurs du milieu universitaire.

«Si on s'entend, l'argent sera au rendez-vous. (...) S'il n'y a pas d'entente, l'argent sera alloué à d'autres fins», a affirmé la sous-ministre de M. Duchesne, Christine Tremblay, jeudi, en marge de la deuxième rencontre de consultation en prévision du Sommet, à Trois-Rivières.

Juste avant le début de cette rencontre, M. Duchesne a abattu une carte. Il a dit avoir une «provision» pour réinvestir dans les universités. Ce réinvestissement reviendrait à donner aux universités la moitié des revenus qu'elles auraient tirés de la hausse des droits de scolarité du gouvernement Charest: 51 millions en 2013-14 et 170 millions en 2018-19, pour une somme cumulative de 696 millions.



«L'argent est budgeté», a assuré Pierre Duchesne lors d'un point de presse. Il a indiqué que les sommes proviendraient «de l'ensemble des impôts, des taxes et des tarifs», mais il n'a pas écarté que le crédit d'impôt sur les droits de scolarité soit réduit - une option que le ministre des Finances, Nicolas Marceau, envisage.

Pierre Duchesne a distribué un tableau sur «les réinvestissements du gouvernement dans l'enseignement supérieur». Il comprend sa «provision» (696 millions en sept ans) et les sommes supplémentaires prévues dans le plan de financement du gouvernement Charest que le Parti québécois s'est déjà engagé à respecter (954 millions en sept ans).

Or le tableau ne tient pas compte des compressions de 124 millions de dollars imposées cette année. Chez les recteurs, on était d'ailleurs interloqué en consultant le tableau remis aux médias. Le député libéral Gerry Sklavounos a accusé le ministre «d'induire la population en erreur».

La présidente de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec, Luce Samoisette, a rencontré Pierre Duchesne en après-midi pour lui faire valoir que les compressions sont «impossibles» à réaliser. Mais Pierre Duchesne lui a fait comprendre que le gouvernement ne reculera pas.

En soirée, trois spécialistes se sont prononcés sur le thème de la rencontre de consultation : l'accessibilité aux études supérieures. Le gouvernement a clairement mis la table à une indexation des droits de scolarité. Il a invité l'économiste Pierre Fortin qui a défendu cette mesure, «un effort financier pas trop gros ». L'indexation est «la voie à suivre» pour assurer «la stabilité sociale et financière du Québec», a-t-il plaidé. Une indexation au coût de la vie représente 46$ par an ; elle atteint 83 $ si elle est fixée au coût de fonctionnement des universités. Un gel est à «éviter» puisqu'il ferait en sorte que les étudiants paient année après année une part moindre de leur coût de formation, a-t-il ajouté.

Des représentants d'associations étudiantes ont répliqué que l'endettement des étudiants est important et que les frais afférents imposés par les universités, en sus des droits de scolarité, sont en hausse. Rappelons que la FEUQ milite pour le gel et l'ASSÉ pour la gratuité scolaire.

La rencontre se poursuit vendredi.