Certains parents pourraient être surpris, ces jours-ci, en recevant le bulletin de leurs enfants. Il y a parfois un écart important entre les résultats obtenus aux examens et la note finale sur le bulletin de la première étape.

Et pour cause. La note inscrite sur le bulletin est le résultat d'un jugement posé par l'enseignant. Il ne s'agit pas du cumul des notes obtenues lors des examens et des évaluations.

En plus des résultats en tant que tels, les enseignants tiennent compte de plusieurs facteurs pour déterminer une note: leurs observations, les efforts et les progrès de l'élève, l'évaluation de ses pairs ou même, une autoévaluation faite par l'élève.

«Tout est basé sur le jugement», déplore le vice-président de l'Alliance des professeurs, Martin Bibeau.

Le retour du bulletin unique et chiffré était pourtant une demande des syndicats d'enseignants et des parents qui souhaitaient mieux comprendre où se situent leurs enfants dans le groupe.

Implanté l'an dernier, le bulletin unique n'a d'unique que le nom, affirme M. Bibeau. Et bien souvent, les parents l'ignorent.

Chaque école établit ses propres normes et modalités d'évaluation. D'une école à l'autre, un même élève n'aurait donc pas la même note.

Sur le bulletin de leurs enfants, les parents voient bien un chiffre pour chaque matière, ainsi que la moyenne du groupe. Mais ce chiffre ne correspond pas à la moyenne cumulative des évaluations et des examens. «On ne doit plus faire une comptabilisation des résultats d'un élève dans une année. C'est considéré comme antipédagogique de faire cela parce que l'enfant progresse. On ne peut pas, à la fin de l'année, tenir compte des résultats obtenus à la première étape pour composer une note finale puisque, à la fin de l'année, il n'est plus où il était au début», expose M. Bibeau.

Conséquence de cette décision venant du renouveau pédagogique, même les statistiques officielles concernant les taux de réussite des élèves sur le plan national ne sont pas fiables, estime M. Bibeau. «Chacun évalue comme il veut. Ça ne veut rien dire au bout du compte.»

La Fédération autonome de l'enseignement (FAE) a dénoncé à plusieurs reprises la situation, parlant même «d'un formulaire unique», plutôt que du bulletin unique.

Avec l'arrivée en poste de la nouvelle ministre de l'Éducation, Marie Malavoy, elle compte revenir à la charge.

Une rencontre avec le sous-ministre adjoint au ministère de l'Éducation, Alain Veilleux, est prévue au cours des prochains jours. «Les problèmes restent entiers», confirme le vice-président à la vie professionnelle à la FAE, Sylvain Mallette.

Parmi ces problèmes ciblés par le syndicat, on trouve notamment le fait que la dernière étape compte à elle seule pour 60% de la note globale, que les normes et modalités d'évaluation varient d'une école à l'autre, qu'il n'y a pas d'uniformité à l'échelle de la province et, bien sûr, le bulletin en lui-même.

«Avec le changement de gouvernement, l'appareil ministériel n'a pas changé. Les mêmes gens nous conduisent dans le cul-de-sac. La ministre va avoir des décisions à prendre.»