Les écoles privées devront cesser de sélectionner leurs élèves si elles souhaitent continuer d'obtenir du financement de l'État, prévient la nouvelle ministre de l'Éducation, Marie Malavoy.

En entrevue à La Presse, elle a confié qu'une «petite révolution» attend les écoles privées. Elles devront abandonner les examens d'admission, qui se déroulent à cette période-ci chaque année, si elles souhaitent continuer de recevoir des subventions.

«Il n'y aurait plus de sélection, sauf pour les écoles qui veulent maintenir un régime complètement privé», a déclaré Mme Malavoy.

La ministre entend ainsi mettre de l'avant les orientations que le Parti québécois a adoptées en congrès en ce qui a trait au financement des écoles privées.

Pour recevoir la part de financement de 60% qui provient du gouvernement, comme c'est le cas actuellement, les écoles privées devront accueillir tous les élèves, sans distinction, dit Mme Malavoy.

«Les écoles qui voudront faire de la sélection, garder seulement les meilleurs [élèves], seront entièrement privées.»

La ministre compte mettre ce dossier de l'avant dès cette année. Consciente du changement de cap majeur qui se dessine, elle ne fixe pas d'échéance pour le moment. Elle dit vouloir prendre le temps de le faire «correctement» avec les établissements d'enseignement privés afin que «tout le monde soit dans le coup».

Les écoles privées ont souvent été critiquées parce qu'elles accueillent principalement des élèves qui réussissent bien. Les enseignants du réseau public se plaignent d'avoir vu leur tâche s'alourdir au cours des dernières années avec l'accroissement du nombre d'élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation et d'apprentissage (EHDAA) dans leurs classes.

Le nombre de EHDAA est passé de 14,8% en 2003-2004 à 20,1% en 2011-2012 dans le réseau public. Pour la même période, il est passé de 2,5 à 2,6% dans les écoles privées.

Le gouvernement Charest avait souhaité que le privé accepte davantage d'élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation et d'apprentissage. Un comité formé en ce sens devait remettre son rapport en décembre dernier, mais les travaux sont restés lettre morte.

Réflexion dans les commissions scolaires

Critiquées de toutes parts, les commissions scolaires doivent par ailleurs s'attendre à une remise en question, prévient aussi la ministre de l'Éducation.

Il n'est toutefois pas question de les abolir. Les commissions scolaires représentent un palier décisionnel important, mais il faudra revoir certaines façons de faire, affirme Mme Malavoy.

«Je veux qu'elles demeurent, mais on ne passera pas à côté d'une réflexion en profondeur. Il en va de leur survie.»

Parmi ces remises en question, Mme Malavoy propose notamment de diminuer le nombre de commissions scolaires, de regrouper certains services et de revoir à la baisse la part de 5% de leur budget alloué à l'administration. En outre, les prochains présidents des commissions scolaires seront élus et non pas nommés.

«C'est un autre grand chantier, la démocratie scolaire», résume la ministre qui dit vouloir travailler dans un esprit de collaboration.