Même si le gouvernement s'est engagé à verser aux universités les millions promis cette année, il est loin d'être certain, après la tenue du Sommet sur l'éducation supérieure, que les universités pourront compter sur un financement accru, prévient le ministre Pierre Duchesne.

Lors d'une entrevue accordée à La Presse, le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie a mis en doute le sous-financement des universités.

La question du sous-financement sera abordée lors du Sommet sur l'enseignement supérieur, afin de savoir s'il s'agit, «oui ou non», d'une réalité que les universités vivent, a déclaré le ministre Duchesne.

«Tout est ouvert, tout est sur la table. Je demande à être convaincu de chacune des options qui sont défendues. Présentez-moi des études sérieuses, on va les confronter», ajoute-t-il.

Dans un rapport commun datant de 2002, à l'époque où le Parti québécois (PQ) était au pouvoir, le ministère de l'Éducation et la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) ont chiffré le sous-financement des universités à 375 millions. Une mise à jour l'a porté à 620 millions en 2010.

Ouverture et dialogue

M. Duchesne tient clairement à modifier le ton tenu par le gouvernement précédent. La semaine prochaine, le ministre se lancera d'ailleurs dans une série de rencontres préliminaires en vue de l'organisation du sommet promis par le PQ. Il souhaite rencontrer les étudiants, les recteurs, les professeurs, mais aussi les gens d'affaires et les chambres de commerce.

Cette «prise d'information et d'écoute» permettra de voir comment chacun conçoit le sommet et quels sont les objectifs et les thèmes qui devront être abordés de façon à obtenir un réel consensus au terme du sommet.

«L'arrivée du nouveau gouvernement a mis fin à une crise. On va s'assurer que le mouvement qui a pris son envol le printemps dernier puisse se diriger vers une issue qui est autre chose qu'un mur», a promis M. Duchesne, en ajoutant vouloir obtenir des répercussions concrètes de cette grande messe.

Les consultations débutent mardi et se poursuivront jusqu'à la fin du mois d'octobre. La Fédération des chambres de commerce du Québec figure parmi les premiers groupes qui seront rencontrés. Une rencontre est également au programme avec la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), qui n'a pas encore confirmé sa participation au sommet.

Afin de ratisser le plus large possible, les citoyens sont aussi invités à se prononcer sur leur vision de l'enseignement supérieur. Au cours des prochains jours, ils auront accès à une page web où ils pourront s'exprimer et lire les idées de chacun.

Ce n'est qu'à la suite de ces consultations qu'il sera possible de déterminer la forme que prendra le sommet, précise M. Duchesne.

Délai prolongé

L'événement doit se tenir durant les 100 premiers jours du mandat, ce qui mène en décembre. C'est une période occupée, avec une session intensive à l'Assemblée nationale et le temps des Fêtes.

«Dans une volonté de bien préparer les choses et de s'assurer que la consultation se fasse comme il faut», le sommet pourrait donc avoir lieu quelques semaines plus tard, a confirmé le ministre, ajoutant que le degré de préparation fera partie des arguments pour le choix d'une date.

Après des mois difficiles, le Québec a besoin de rétablir les ponts entre les générations, a-t-il souligné. La crise étudiante a coûté cher sur les plans économique, social et humain.

«Le gouvernement libéral a déchiré d'une certaine façon un tissu social. Il faut recoller cela ensemble», croit M. Duchesne.