Le Cégep du Vieux-Montréal a été condamné à verser 430 000$ à une ancienne élue municipale congédiée peu après avoir été embauchée. Un juge de la Cour supérieure estime que le Cégep n'avait pas de «motif sérieux» de remercier Francine Sénécal après qu'un scandale eut éclaboussé son mari.

Ancienne directrice générale du cégep Lionel-Groulx, Francine Senécal a été élue à l'hôtel de ville de Montréal en 2001 et aussitôt nommée vice-présidente du comité exécutif. En parallèle, son mari, Martial Fillion, a occupé plusieurs postes à la Ville, de chef de cabinet du maire à directeur général de la Société d'habitation et de développement de Montréal.

En mai 2008, le directeur général du cégep du Vieux-Montréal annonce son départ. Francine Sénécal, qui songeait à quitter la politique, décide de poser sa candidature. Après avoir été recommandée par le comité de sélection, elle est officiellement nommée le 1er octobre 2008. Son embauche est annoncée dans un communiqué de presse en soirée. Le lendemain, elle démissionne de son poste de vice-présidente du comité exécutif.

Une semaine plus tard, La Presse publie un reportage explosif sur des transactions immobilières à la SHDM dont son conjoint, Martial Fillion, avait eu la responsabilité. Celui-ci sera d'ailleurs congédié quelques semaines plus tard dans le dossier de la vente des terrains du Faubourg Contrecoeur.

Même si le Cégep n'est pas cité dans le reportage, l'histoire ébranle sa direction. Mme Sénécal, qui doit entrer en fonction en janvier 2009, tente de rassurer son nouvel employeur. Elle soutient qu'elle n'est pas en conflit d'intérêts, mais le Cégep résilie tout de même son contrat à la fin du mois de novembre.

Devant ses difficultés à se trouver un nouvel emploi, Francine Sénécal a intenté une poursuite de 1,1 million de dollars contre le Cégep pour salaire perdu et dommages à sa réputation.

Le juge Louis Crête de la Cour supérieure lui donne en partie raison. «Le Cégep, qui avait eu maille à partir avec les médias dans le passé, a tout simplement eu la frousse - en anglais on dit «cold feet» -et estimé, un peu trop commodément, qu'il était alors plus opportun de résilier le contrat d'embauche de celle que les médias pointaient du doigt et de se réfugier, cette fois, derrière les voeux de sa "communauté"», écrit-il.

Il lui accorde 430 000$ en «salaires perdus à la suite de la résiliation de son mandat sans motif sérieux». Le juge ne lui accorde pas d'indemnité pour dommage à sa réputation, au motif que tout congédiement est difficile à vivre.