Les élèves et le personnel de l'école Saint-Gérard ne retourneront jamais dans leur école telle qu'ils l'ont connue. Contaminée du sous-sol au toit par les moisissures, l'école primaire du quartier Villeray devra être démolie, en totalité ou en partie, avant d'être reconstruite.

La Presse a obtenu deux rapports d'expertise, l'un de la firme d'architectes Riopel et associés, l'autre de la direction de la santé publique, réalisés à la demande de la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Ils devaient être présentés hier soir aux membres du conseil d'établissement de l'école.

Après avoir rappelé que des tests de qualité de l'air ont confirmé «une contamination généralisée de l'air dans l'école», le rapport d'expertise de la firme Riopel propose trois scénarios de reconstruction.

La démolition complète de l'ancienne école et la construction d'un nouveau bâtiment qui pourrait accueillir 705 élèves - au lieu de quelque 400 actuellement - coûteraient 18,1 millions. C'est la solution la plus coûteuse, mais la plus flexible.

Le deuxième scénario, évalué à 14,7 millions, prévoit la conservation de la structure existante et un agrandissement qui permettrait d'accueillir 705 élèves. Les experts préviennent que les modifications à la structure existante risquent d'entraîner des imprévus et des coûts supplémentaires.

Le troisième et dernier scénario prévoit la conservation de la structure existante, sans agrandissement, ce qui signifie qu'il ne serait pas possible de construire un nouveau gymnase, entre autres, qui répondrait davantage aux besoins actuels. Ce scénario coûterait 12,3 millions.

Dans tous les cas, des éléments patrimoniaux devront être conservés et intégrés dans l'architecture puisque l'école, vieille de 86 ans, a un caractère patrimonial. «L'ampleur des travaux de démolition résultant de la décontamination impliquerait un remplacement complet du réseau de plomberie vétuste», précise aussi le rapport.

De son côté, la direction de la santé publique reconnaît qu'une «contamination fongique cachée [dans les murs]» touche l'ensemble du bâtiment. «La décontamination de ce bâtiment est essentielle en raison de l'ampleur de la contamination et des problèmes de santé qui y sont associés.»

Un deuil à faire

Questionnée sur la teneur de ces rapports, la présidente de la Commission scolaire de Montréal, Diane De Courcy, reconnaît qu'il s'agit d'un rapport très difficile à recevoir, car il signifie qu'un deuil est à faire.

«Ça ne veut pas dire qu'on fait le deuil d'une école Saint-Gérard dans le quartier, mais de l'actuelle école, il faut faire le deuil compte tenu de ce qu'on apprend sur la maladie de l'école», a-t-elle déclaré, en se disant «ébranlée».

Le rapport d'expertise, basé sur l'inspection de la firme LVM, souligne que les moisissures sont présentes dans les murs intérieurs en blocs de terracotta au rez-de-chaussée et au premier étage, dans les murs de béton du troisième étage, dans la laine isolante, les cadres de fenêtre, le système de ventilation du sous-sol, la plupart des cloisons de gypse et les panneaux de plafond suspendu.

Les experts arrivent à la conclusion que tous les murs extérieurs en maçonnerie sont probablement contaminés aussi.

La première partie de l'école a été construite en 1925, la seconde en 1930. La construction, selon les règles de l'époque, révèle des murs extérieurs constitués de quatre rangées de briques et d'une dernière en terracotta, où les moisissures se sont infiltrées.

L'échéancier présenté dans le rapport d'expertise évoque la date du 22 août 2014 pour l'ouverture de la nouvelle école. C'est dans un peu plus de 26 mois.

Cet échéancier ne tient pas compte des nombreuses consultations qui devront être menées auprès du ministère de l'Éducation, du ministère de la Culture, de la Ville de Montréal, de l'arrondissement et des parents et citoyens du quartier, notamment en raison du caractère patrimonial du bâtiment.

L'échéancier prévoit «qu'on procède à partir de maintenant, en faisant comme si [les commissaires avaient] tous les pouvoirs de décision, ce qui n'est pas le cas», souligne d'ailleurs le commissaire de Villeray-Petite-Patrie, Kenneth George, questionné sur la suite des choses pour l'école Saint-Gérard.

De son côté, la présidente de la CSDM ne veut pas pour le moment préciser d'échéancier, mais promet d'agir rapidement.