Les discussions en vue d'une éventuelle rencontre entre les associations étudiantes et le cabinet de la ministre de l'Éducation Line Beauchamp n'ont encore rien donné de concret.

Interrogée mardi à Québec, la ministre Beauchamp a confirmé l'existence de contacts entre son cabinet, d'une part, et la Fédération étudiante collégiale (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire (FEUQ), d'autre part.

Mais elle est restée très prudente, affirmant que les parties ne faisaient que travailler à discuter d'une éventuelle rencontre. La date n'en est pas encore arrêtée.

Théoriquement d'ailleurs, la ministre veut parler plus largement de la gestion des universités, mais il est clair que la question litigieuse des hausses des droits de scolarité serait abordée.

La Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSÉ) semble donc écartée de ces échanges pour le moment.

«Clairement, le gouvernement essaie de diviser pour mieux régner, parce qu'il sait très bien que si l'ensemble des organisations étudiantes sont à la table de négociation, il y a plus de chances de réussite», a commenté la coporte-parole de la CLASSÉ, Jeanne Reynolds, au cours d'une rencontre avec la presse à Montréal.

«Dans cette optique-là, oui, en ce moment, on fait face à un isolement. Mais je pense qu'on va être capable, si les organisations étudiantes respectent leur engagement, de faire reculer le gouvernement et qu'il nous invite finalement à cette table de négociation-là», a-t-elle ajouté.

Mme Reynolds a dit trouver ironique que la FECQ soit invitée à cette rencontre, alors que selon elle, la FECQ ne représente que 16 pour cent des étudiants encore en grève. La CLASSÉ, elle, en représente environ 48 pour cent.

La FECQ et la FEUQ font maintenant pression pour que la ministre de l'Éducation accepte de rencontrer toutes les associations étudiantes, incluant la CLASSÉ, mais la ministre refuse.

Interrogée à ce sujet, la ministre Beauchamp a répété que la position gouvernementale était déjà connue. Lundi, le premier ministre Jean Charest lui-même a affirmé que la CLASSÉ prenait des positions extrêmes dans le débat sur la hausse des droits de scolarité et a déploré le fait que ses dirigeants refusaient de condamner clairement les récents actes de violence qui ont marqué la campagne de protestation.

Pour Mme Reynolds, poser comme condition une nécessaire condamnation des actes de violence est un «faux débat». Elle a critiqué à son tour le fait que le gouvernement ne veuille pas dénoncer «la brutalité policière» qui a fait qu'un jeune qui a participé à une manifestation a été gravement blessé à un oeil, il y a de cela plusieurs semaines.

Pour sa part, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a fait une déclaration à l'Assemblée nationale pour dénoncer les différents gestes de violence et méfaits qui ont été perpétrés ces derniers jours: introduction par effraction, saccage de bureaux, vitres cassées, etc.

«La violence se répand. Comme un incendie, il est facile de l'allumer, mais difficile de l'éteindre. Parmi les gestes qu'il est nécessaire de poser pour en éviter la propagation, l'un de ceux-ci est la condamnation inconditionnelle de ces violences et intimidations, une condamnation sans réserve», a-t-il lancé.

«Nos désaccords avec les choix des personnes légitimement élues ne justifient pas la violence et l'intimidation», a-t-il ajouté dans cette déclaration ministérielle.

À son tour, la députée péquiste Marie Malavoy a dénoncé «tout geste de violence et méfait en guise de manifestation». Elle a toutefois invité le gouvernement Charest à «maintenir la paix sociale en ouvrant le dialogue» avec les étudiants.

Les étudiants qui débraient le font pour protester contre les hausses annoncées des droits de scolarité à l'université, de l'ordre de 325 $ par année pendant cinq années consécutives, à compter de l'automne prochain. Ces droits passeront donc de 2168 $ en 2011- 2012 à 3793 $ en 2016-2017.