Un chercheur torontois a réussi à augmenter de 23% la participation aux études postsecondaires simplement en aidant les parents à remplir une demande d'aide financière.

Il s'agit d'un exemple d'«approche culturelle» visant à faciliter l'Accès aux études postsecondaires. Plusieurs chercheurs pensent que les barrières culturelles sont plus importantes que les obstacles financiers, et qu'il vaut donc mieux investir dans des approches culturelles plutôt que dans l'aide financière.

Pour son étude, Philip Oreopoulos, économiste à l'Université de Toronto, s'est allié à des économistes des universités Harvard et Stanford, ainsi qu'à 156 bureaux des consultants fiscaux H&R Block. Ces derniers offraient à leurs clients qui avaient un enfant susceptible d'aller au collège ou à l'université de remplir gratuitement une demande d'aide financière aux études, en plus de préparer leur déclaration de revenus. Résultat: l'accès aux études postsecondaires a bondi de 23%.

«Le simple fait de remplir une demande d'aide financière semble souvent insurmontable pour ceux qui en bénéficient le plus, les pauvres et la classe moyenne basse, dit M. Oreopoulos. Les clients de H&R Block proviennent souvent de ces milieux. Une fois que l'enfant savait qu'il avait droit à une bourse ou à un prêt, s'inscrire devenait plus facile.» L'étude paraîtra dans quelques mois dans la revue Quarterly Journal of Economics.

L'économiste torontois fait aussi une étude dans des écoles secondaires de l'Ontario et de la Colombie-Britannique. Il bénéficie de trois périodes de classe pour aider tous les élèves à remplir une demande d'admission au collège ou à l'université la plus proche, ainsi qu'une demande d'aide financière, que leurs parents doivent ensuite compléter avec leurs données fiscales. Au Canada anglais, le collège est équivalent à la portion professionnelle du cégep québécois.

Dans leur livre Nudge, l'économiste Richard Thaler et le juriste Cass Sunstein citent le cas de la commission scolaire San Marcos, au Texas, qui a réussi à augmenter de 11% l'accès aux études postsecondaires de ses élèves en les obligeant à remplir une demande d'admission à l'université voisine pour avoir leur diplôme.

Ces résultats sont comparables à l'écart qui existe entre les plus pauvres et les plus riches au Canada. Dans une étude à paraître dans la revue Children and Youth Services Review, l'économiste Ross Finnie de l'Université Queen's montre que la différence d'accès aux études postsecondaires entre les enfants de familles gagnant moins de 25 000$ par année et de celles gagnant plus de 100 000$ par année est de 10% chez les hommes et de 20% chez les femmes, si on tient compte de l'éducation.

Ces études ne signifient pas que l'aide financière aux études est inutile, mais plutôt qu'elle doit viser les pauvres et la classe moyenne inférieure - c'est-à-dire qu'elle doit prendre la forme de prêts et bourses plutôt que de droits de scolarité très bas, selon MM. Oreopoulos et Finnie.