En plus de la bonification du programme de prêts et bourses, le gouvernement a annoncé aujourd'hui jeudi l'implantation du remboursement proportionnel au revenu (RPR). Ce mode de remboursement existe déjà en Australie, en Suède, en Angleterre et dans quelques États des États-Unis. Mais comment s'appliquera-t-il ici, au Québec?

Le calcul de la dette à rembourser ne se fera qu'à la fin des études, explique Claude Montmarquette.

«Par exemple, prenons un diplôme de cégep et celui d'un baccalauréat à l'université. Il faudra regarder ce que vous aurait donné comme revenu le cégep et ce que vous donne comme revenu un baccalauréat. S'il y a un différentiel, vous commencez à rembourser le prêt», dit le président du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations et auteur d'une étude sur les RPR.

Ainsi, un étudiant qui ne trouverait pas d'emploi à la fin de ses études ne serait pas forcé de rembourser son prêt.

M. Montmarquette croit que le RPR assure l'accès aux études postsecondaires, et ce, surtout pour les enfants provenant de familles moins nanties.

«Ça permet aux étudiants de choisir la discipline qui leur plaît au lieu de la discipline qui leur permet de s'enrichir».

Éric Martin, lui, est farouchement opposé à ce mode de remboursement.

«On ne comprend pas pourquoi il faut se mettre à créer des espèces d'algorithmes hyper compliqués où il va falloir individualiser le profil des gens. Les gens vont commencer leur vie active avec une dette comme une hypothèque. On va miner la santé financière des étudiants dans la pire époque pour endetter les gens», explique l'auteur d'une recherche sur le RPR pour l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques.

Avec son annonce faite hier, le gouvernement ouvre la porte à une hausse «sans limites» des droits de scolarité, croit M. Martin.

Il rappelle qu'en Angleterre, par exemple, l'éducation universitaire était gratuite jusqu'à l'adoption du RPR en 1998, et que les coûts se sont alors mis à augmenter «énormément».