Même s'il propose lui-même une forme de régime de remboursement proportionnel au revenu (RPR), François Legault se désole de l'offre du gouvernement Charest aux étudiants.

À partir de l'automne 2013, Québec bonifierait de 21 millions de dollars le programme de prêts et bourses.

La facture serait refilée aux universités, ont annoncé ce matin la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, et le ministre des Finances, Raymond Bachand (lire notre compte rendu ici).

Cela ne règle rien aux problèmes de l'accessibilité des études supérieures et de la gestion des universités, croit M. Legault.

Le fait que le gouvernement bonifie seulement les prêts «va augmenter l'endettement étudiant», estime-t-il.

La CAQ appuie la hausse des droits de scolarité, de 1675 $ en cinq ans. Mais elle propose de l'assortir d'un RPR qui protégerait selon elle l'accessibilité.

Les étudiants devraient rembourser leur prêt en y consacrant 5 % de leur revenu annuel. Si le prêt n'est pas entièrement remboursé après 10 ans, on effacerait la créance. Les étudiants qui décrochent un emploi bien payé rembourseraient donc entièrement leur prêt.

On effacerait par contre une partie de la dette de ceux qui demeurent dans une situation financière précaire après leurs études. Cette mesure coûterait à terme entre 40 et 50 millions de dollars par année, estime la CAQ.

La CAQ suggère aussi de modifier l'admissibilité aux bourses. Le revenu plafond pour être admissible passerait de 30 000 dollars à 60 000 dollars par année. 

Ces deux mesures coûteraient au total 120 millions de dollars. Elles seraient « autofinancées », dit M. Legault, grâce à l'abolition du crédit d'impôt non remboursable de 120 millions pour les droits de scolarité.

Appel au dialogue

L'offre du gouvernement est « bâclée » et relève de la « gestion de crise », croit M. Legault. Il se demande comment elle sera financée.

« On ne voit vraiment pas comment il peut y arriver avec 21 millions dollars », dit-il. En janvier 2005, le gouvernement Charest avait promis de mettre en place un RPR. Il avait abandonné cette idée quelques mois plus tard.

Éric Caire, porte-parole de la CAQ en matière d'Éducation, juge « scandaleux » que les libéraux aient abandonné cette promesse, puis la ressortent subitement pour essayer de dénouer la crise.

La CAQ demande néanmoins aux étudiants - tout comme au gouvernement - de se rencontrer dès que possible. « Au lieu de manifester, ils doivent s'asseoir avec le gouvernement Charest et discuter, négocier. Ça ne donne rien de rester braqués.»

Pour améliorer la gestion des universités, M. Legault propose des « contrats de performance ». « Un pourcentage maximum d'argent irait à l'administration des universités pour éviter les folies de parachutes dorés, comme à Concordia, ou les folies comme l'îlot Voyageur », a-t-il rappelé.