Les ordres professionnels québécois mettent des bâtons dans les roues aux Français qui veulent travailler au Québec, a déploré dimanche le ministre français responsable des professions libérales, dans une entrevue avec La Presse.

Frédéric Lefebvre, candidat de Nicolas Sarkozy en Amérique du Nord, dresse un «bilan positif» du projet de reconnaissance des diplômes annoncé en grande pompe en 2008 par Québec et Paris.

Il déplore toutefois que «des ordres professionnels ont ajouté des obligations, des stages, des dispositions qui font que la simplification n'est pas aussi forte que nous le souhaitions. Les problèmes ne viennent pas des États. La France et le Québec ont fait ce qu'ils s'étaient engagés à faire».

Le ministre comprend la frustration de certains de ses compatriotes qui misaient beaucoup sur cette entente et qui doivent maintenant se battre pour obtenir le droit de pratiquer au Québec. Les médecins et les pharmaciens seraient particulièrement touchés.

«Il y a des points sur lesquels il faut continuer de travailler», a-t-il dit, ajoutant qu'il sent «beaucoup de détermination» au sein du gouvernement Charest pour régler ces questions.

L'homme de Sarkozy

Frédéric Lefebvre est de passage au Québec pour promouvoir la candidature du président Sarkozy auprès des Français d'Amérique du Nord. Ils voteront le 21 avril, puis le 5 mai pour choisir leur chef d'État. L'actuel président a mené une vraie «révolution» positive pour ceux qui ont quitté l'Hexagone, surtout en matière de fiscalité et d'accès à l'éducation, a affirmé M. Lefebvre.

Du même coup, il tente d'attirer leurs voix vers sa propre candidature aux élections législatives, qui se tiendront quelques semaines après les présidentielles. Ce sera la première fois que l'Assemblée nationale française accueillera des représentants des expatriés. Frédéric Lefebvre brigue les suffrages dans une circonscription qui regroupe le Canada et les États-Unis.

Les tensions entre Paris et Ottawa, qui refuse de laisser les Français voter sur son territoire, ne sont toutefois pas réglées.

«Nos deux pays ont longuement échangé sur le sujet pour permettre aux Français qui résident au Canada de ne pas être les seuls Français du monde à ne pas pouvoir voter», a-t-il expliqué, ajoutant que Paris exclut de contrevenir à la décision d'Ottawa. «Pour la France, il n'est pas question de ne pas respecter le droit canadien.»

Les autorités françaises envisagent de faire voter leurs ressortissants dans les consulats et à l'ambassade, des lieux qui ne font pas légalement partie du territoire canadien.