Contrairement aux prétentions du gouvernement, aucun débat réel sur l'opportunité de hausser les frais de scolarité n'a eu lieu dans les dernières années, ont affirmé d'une même voix les syndicats du milieu universitaire.

Depuis le début du conflit entre Québec et les étudiants, les ministres du gouvernement Charest plaident que le débat sur la hausse des frais a déjà été fait et que le temps est maintenant à l'action. Line Beauchamp et Raymond Bachand font notamment référence à une grande réunion portant sur le financement du système universitaire québécois organisé en décembre 2010. Étudiants et syndicats avaient claqué la porte au milieu de la journée, arguant que le gouvernement ne voulait discuter que des modalités d'une hausse des frais. La possibilité de maintenir les droits de scolarité à leur niveau actuel n'a même pas été considérée, ont-ils dénoncé.

«Ce n'était pas une consultation. Les dés étaient pipés, les orientations étaient données», a fait valoir Caroline Neil, porte-parole d'un grand syndicat d'employés de soutien, le CPSU.

Il s'agissait de la première grande sortie publique des syndicats depuis le début de la grève étudiante, il y a six semaines.

Les leaders étudiants ont toutefois refusé de blâmer leurs homologues syndicaux, affirmant qu'ils prenaient part au mouvement d'opposition à la hausse des frais bien avant le début de la grève étudiante.

Proposition rejetée

Par ailleurs, l'ensemble du mouvement étudiant a rejeté l'offre de la ministre Line Beauchamp, qui a invité les leaders étudiants à discuter de l'accessibilité des études à la condition qu'ils cessent de réclamer le gel des droits de scolarité.

Hier, la ministre de l'Éducation a laissé poindre des signes d'ouverture à la discussion sur d'éventuelles modifications au régime de prêts et bourses. Elle a toutefois maintenu que la hausse des droits de scolarité est inévitable.

Mais les étudiants ne l'entendent pas de cette oreille.

«Tout doit être sur la table», ont affirmé les porte-parole des fédérations étudiantes, réunis ce matin au Collège de Rosemont. «C'est clair que, pour nous, le noeud du problème n'est pas du tout la question des prêts et bourses. C'est la question des droits de scolarité à l'université. C'est là-dessus que la ministre doit être prête à négocier», a ajouté Léo Bureau-Blouin, de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).

«Ce n'est pas en bonifiant le programme d'aide financière aux études qu'on va régler le problème des 70 % des étudiants qui n'y ont pas accès. Ce qu'on veut, ce n'est pas guérir, c'est prévenir à la base», a fait valoir sa collègue Martine Desjardins, de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). «Et ça passe par le gel des droits.»

Même son de cloche du côté des leaders syndicaux. Eux aussi appellent le gouvernement à accepter de négocier sur la hausse des frais de scolarité plutôt que de s'en tenir à des questions périphériques.

Selon Mme Desjardins et M. Bureau-Blouin, l'ouverture de la ministre constitue toutefois un pas dans la bonne direction. «On est passés de ''on ne veut rien savoir, on s'assoira jamais avec vous'' à ''on va peut-être s'assoir''», a illustré M. Bureau-Blouin.

Certains étudiants en sont à leur sixième semaine de grève.