Le gouvernement Charest a haussé le ton mardi contre les étudiants en grève alors que se radicalise le mouvement d'opposition à la hausse des droits de scolarité.

Le blocage du pont Champlain, sur la Rive-Sud de Montréal, en pleine heure de pointe mardi matin a soulevé l'ire de la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, et de son collègue de la Sécurité publique, Robert Dutil.

Exaspérée par la tournure des événements, Mme Beauchamp a sommé les manifestants de cesser «d'écoeurer» les travailleurs qui assument l'essentiel des frais de scolarité au Québec.

«Il faut dire: «Ça suffit ce genre d'action'. Les étudiants qui revendiquent la gratuité de leurs études universitaires doivent réaliser qu'ils sont en train d'écoeurer les travailleurs à qui ils veulent refiler toute la facture. Ça suffit, on ne peut plus se permettre ce genre d'action-là», a lancé la ministre, manifestement à bout de patience.

Ce geste d'éclat est non seulement illégal, mais dangereux et intolérable dans une société démocratique, a pour sa part soutenu le ministre Dutil.

«Bloquer un pont ou passent 200 000 automobilistes par jour et sur lequel les travailleurs passent pour aller gagner leur vie honorablement, c'est inacceptable, cela l'a toujours été, et ça doit être tolérance zéro. Nous sommes dans une société démocratique où les problèmes ne se règlent pas de cette façon», a-t-il fait valoir.

Les responsables du blocage du pont Champlain ont réussi leur coup d'éclat mais ils devront payer la note: des constats d'infraction de 350 $ plus des frais de 144 $ leur ont été décernés.

La Sûreté du Québec (SQ) s'est montrée très ferme pour la suite des choses, prévenant que la police ne fera aucun compromis pour maintenir l'ordre sur les voies rapides. Il en va de la sécurité des usagers de la route et des manifestants, a déclaré le lieutenant Michel Brunet, de la SQ.

«C'est un avertissement que l'on donne. Il n'y aura aucune tolérance pour quiconque voudra manifester sur des voies rapides», a-t-il averti.

L'autoroute 10, qui permet l'accès au pont Champlain depuis la Rive-Sud de Montréal, a été complètement bloquée pendant plusieurs minutes en début de journée, provoquant un important bouchon de circulation.

Des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) se sont rendus sur place rapidement, mais ils n'ont procédé à aucune arrestation sur le tablier du pont ou sur les voies publiques. Les autorités ont plutôt choisi de patienter et ont attendu que les jeunes manifestants regagnent leurs autobus avant d'escorter les véhicules jusqu'au poste de police de Roussillon.

Des amendes totalisant 494 $ seront remises à un peu moins d'une centaine de personnes en vertu de l'article 500.1 du code de sécurité routière du Québec. Lié au code de la route, ce type de méfait peut être coûteux mais épargne le contrevenant d'un dossier criminel.

Pendant qu'une action spontanée se déroulait sur le pont Champlain, d'autres étudiants avaient opté pour une stratégie moins intrusive des axes routiers, sur le pont Jacques-Cartier.

Deux grandes bannières ont été déployées sur le terre-plein du pont, avec la collaboration des autorités, afin de sensibiliser la population à la cause des étudiants en grève. Les automobilistes étaient aussi invités à klaxonner pour l'éducation.

À Québec, quelques dizaines d'étudiants étaient rassemblées pour un «sit in» mardi après-midi devant le Centre des congrès à l'occasion de la présentation du nouveau budget du gouvernement libéral.

Depuis des semaines, les groupes étudiants multiplient les manifestations afin de dénoncer la hausse annoncée des droits de scolarité.

Ces droits seront augmentés de 325 $ par année à compter de l'automne prochain. Ils passeront ainsi de 2168 $ en 2011-2012 à 3793 $ en 2016-2017.