«Est-ce qu'on pourrait dire à ces étudiants qu'il y a des gens qui sont pressés et qui vont travailler demain matin?», tonne une femme dans la quarantaine.

«Un moyen de pression, il faut que ça frappe. Sinon, on n'écoutera pas. Je suis pour ce qu'ils font», lance une fonctionnaire.

La manifestation d'un petit groupe d'étudiants a provoqué bien des débats dans un autocar Orléans Express qui a été paralysé pendant 45 minutes à l'entrée du pont Jacques-Cartier, en fin d'après-midi jeudi. Les avis étaient plutôt partagés parmi les 50 passagers, de tous les âges, au sujet de la hausse des droits de scolarité.

La Presse était à bord de cet autocar en direction de Québec, un hasard. Les passagers ont bien voulu participer à un petit coup de sonde, évidemment non scientifique. D'abord, la vaste majorité d'entre eux se sont dits au courant du bras de fer entre le gouvernement Charest et les associations étudiantes.

Puis 14 passagers se sont opposés à la hausse des droits de scolarité, alors que 18 ont dit l'appuyer. Les autres - dont quelques fonctionnaires - ont préféré ne pas se prononcer. À peine cinq passagers ont approuvé la décision d'étudiants de bloquer le pont en direction sud, en pleine heure de pointe.

Plusieurs personnes opposées à la hausse des droits de scolarité ont affirmé que ce groupe était allé trop loin. «Ça va nuire à la cause», a déploré un étudiant.

Des discussions animées ont suivi un peu partout dans l'autocar. Un étudiant a plaidé que les jeunes sont de plus en plus endettés. Un autre a affirmé que la décision du gouvernement nuira à l'accessibilité aux études. Un homme, qui a fréquenté l'université il y a 30 ans, a fait valoir que les droits de scolarité sont aujourd'hui trop faibles.

Une jeune femme qui étudie en Ontario a souligné que les droits sont beaucoup plus élevés là-bas. Une passagère, qui paie les études supérieures de son fils, s'est plainte que «c'est encore la classe moyenne» qui écope.

Une autre croit qu'il faut faire le ménage dans les dépenses des universités. Une étudiante en adaptation scolaire à l'Université de Montréal est inquiète à l'approche d'un vote sur la grève dans sa faculté, la semaine prochaine. «Ça ne me tente pas d'avoir à reprendre les cours l'été ou qu'il y ait un rush encore plus gros à la fin du semestre», a-t-elle affirmé.

L'autocar s'est remis en mouvement vers 16 h 50. Et les débats se sont poursuivis. À la fin du trajet, le chauffeur a bien fait rire ses passagers : «Merci d'avoir participé au sondage CROP-La Presse!»