Un sondage réalisé pour le compte de la Centrale des syndicats du Québec indique que le personnel du milieu de l'enseignement est loin d'être favorable à l'idée de lier la rémunération des enseignants aux résultats scolaires de leurs élèves.

En fait, 98 pour cent des enseignants du primaire ou du secondaire qui ont répondu au sondage sont «plutôt en désaccord» ou «tout à fait en désaccord» avec le concept voulant que la rémunération des enseignants puisse varier en fonction des résultats scolaires de leurs élèves.

Bien que la CSQ fasse référence aux propositions de la Coalition avenir Québec sur l'éducation dans le communiqué qui accompagne son sondage, le chef de la coalition, François Legault, s'insurge contre les questions posées, affirmant qu'elles réfèrent à des propositions que n'a jamais défendues sa coalition.

La CSQ, qui représente la majorité des enseignants du primaire et du secondaire au Québec, ainsi que des enseignants de cégep, a commandé ce sondage à la maison Crop pour vérifier le degré d'adhésion des enseignants à certaines propositions touchant le financement des écoles et la rémunération des enseignants. Les résultats ont été dévoilés mardi par la centrale syndicale.

La Coalition avenir Québec propose d'augmenter le salaire des enseignants de 20 pour cent et, en échange, de les soumettre à une évaluation, en plus de les rendre imputables de la réussite de leurs élèves.

Cet engagement précis de la CAQ n'a pas fait l'objet d'une question du sondage, qui s'est plutôt limité à poser la question suivante: «la rémunération des enseignants devrait varier en fonction des résultats de leurs élèves».

Dans sa documentation plus élaborée alors qu'elle était encore un mouvement, la coalition avait expliqué que «l'évaluation du personnel enseignant serait effectuée sur une base biannuelle par la direction d'école et porterait sur plusieurs dimensions, dont le taux de réussite des élèves, en tenant évidemment compte du milieu socio-économique et du potentiel de ces derniers. La satisfaction des parents serait prise en considération pour l'évaluation».

Les sondeurs ont aussi cherché à savoir si «le financement des établissements d'enseignement devrait varier en fonction de la réussite des élèves». Là encore, c'est à 92 pour cent que les enseignants du primaire et du secondaire qui ont répondu au sondage ont désapprouvé l'idée - réponses «tout à fait en désaccord» et «plutôt en désaccord» additionnées.

De même, interrogés à savoir si «les bonus au rendement pourraient faire de moi un meilleur enseignant», 92 pour cent des enseignants du primaire et du secondaire ont répondu par la négative.

Legault outré

Réagissant à ce sondage à Québec, François Legault était carrément outré. Il a crié à la désinformation de la part de la CSQ et de son président, Réjean Parent.

«Je trouve que c'est de la manipulation de l'information; c'est odieux; c'est inacceptable», s'est-il exclamé.

Il a surtout critiqué le fait que la centrale syndicale ait proposé «des questions qui ne présentent même pas nos propositions à la coalition», alors que le communiqué qui accompagne le sondage fait clairement mention de mesures «telles que proposées par la Coalition avenir Québec de François Legault et le Parti libéral du Québec de Jean Charest».

Il assure que «jamais la coalition n'a proposé de telles mesures», et que ce sont tous les enseignants qui toucheraient cette augmentation de salaire de 20 pour cent en échange d'une évaluation de leur travail, selon la coalition.

«Jamais on n'a proposé une paie au mérite. Ce sont des faussetés», s'est-il encore exclamé.

Il voit même dans ce sondage commandé par la CSQ l'ombre du Parti québécois. «Il semble y avoir une alliance entre la CSQ et le PQ», s'insurge-t-il.

Le sondage a été réalisé du 3 au 14 février auprès de 1198 membres de la CSQ travaillant dans les secteurs de l'éducation, de la petite enfance ou de la santé. Il comporte une marge d'erreur de 2,8 points de pourcentage, 19 fois sur 20. Des 1198 répondants, la moitié (595) sont des enseignants du primaire, du secondaire ou du collégial.