Quiconque aimerait obtenir un aperçu national de la vie d'un enfant placé en famille d'accueil au pays, particulièrement sur la manière dont leurs expériences ont aidé à structurer leur vie adulte, se heurtera à un mur.

Il n'existe pas de données statistiques nationales sur les enfants en famille d'accueil au Canada, une situation explicable par les différences sur la collecte d'information aux niveaux provincial et territorial.

Selon Nico Trocme, directeur du Centre de recherche sur l'enfance et la famille de l'Université McGill, à Montréal, certaines questions de base sur le placement en famille d'accueil ne peuvent trouver réponse à l'échelle nationale, y compris le simple total du nombre d'enfants placés dans de telles familles.

«Nous en savons ridiculement peu à propos de ces enfants», estime-t-il.

Il en coûte pourtant facilement 1 million $ aux contribuables pour prendre soin d'un enfant placé très jeune en famille d'accueil, et ce jusqu'à son départ à 20 ans, avance Virginia Rowden, la directrice des politiques sociales pour l'Association ontarienne des sociétés d'aide à l'enfance.

«Je veux savoir de quelle façon cet investissement a fait une différence, a-t-elle dit. Nous ne possédons pas de moyens pour ce faire.»

L'absence de données nationales fiables sur les enfants en famille d'accueil au pays peut d'ailleurs représenter un problème pour les politiciens, estiment des observateurs.

Au dire de Peter Dudding, directeur général de la Ligue pour le bien-être de l'enfance du Canada, la véritable valeur de cette information consiste à permettre une réflexion plus poussée, une compréhension comparative servant à produire des solutions positives. Il ajoute que la capacité d'établir des comparaisons entre juridictions permet aux gouvernements et agences de poser des questions plus pointues à propos des services et de la façon dont ils sont offerts.

M. Dudding explique d'ailleurs avoir entendu que les membres d'un comité parlementaire étudiant l'adoption au pays ont découvert que l'absence de données nationales était un obstacle à la complétion de leurs travaux.

«Le premier obstacle qu'ils ont rencontré est le manque de données», a-t-il dit. Le président du comité a refusé de commenter avant que le rapport soit divulgué.

M. Trocme précise toutefois que l'absence d'informations n'est pas totale. Les provinces et les territoires gardent effectivement la trace de leurs programmes... jusqu'à un certain point.

«Chaque province traite le placement en famille d'accueil d'une manière différente», souligne-t-il.

«L'Ontario est un bon exemple. L'information relève de différentes agences. Il en existe 15, qui répertorient l'information de diverses manières.»

Sheila Durnford, présidente de l'Association des familles d'accueil du Canada, a fait savoir que la question de la nécessité de statistiques nationales fiables avait été soulevée lors d'une discussion avec le ministère fédérale des Ressources humaines lorsque son groupe a travaillé avec la Ligue pour le bien-être de l'enfance sur un programme pour recruter et former des familles d'accueil à travers le pays.