Plus de 22 000 familles québécoises devront trouver une solution de rechange pour faire garder leurs enfants, demain, en raison de la grève des éducatrices en CPE syndiquées à la CSN. Plus tôt cette semaine, la ministre de la Famille, Yolande James, a accusé la centrale syndicale de «prendre les parents en otages». Si la grève causera en effet des maux de tête à plusieurs travailleurs, elle fera sans doute aussi la joie de bien des grands-parents. Témoignages.

Mélanie Langlois, Sainte-Flavie

mère de Katherine, 3 ans


«Mon conjoint attend ses premières prestations d'assurance emploi depuis plusieurs semaines. Il travaille quelques heures de temps en temps... dont le 10 février. Les temps sont durs, j'ai besoin de tous les sous que je peux rapporter à la maison pour faire manger mes enfants et leur offrir un toit. Malheureusement, je n'ai pas de plan B. Je n'ai pas de grands-parents cachés dans ma poche. Je vais donc me passer de sept heures de salaire pour rester à la maison. Oui, on a besoin des garderies et les éducatrices ont droit à leurs revendications pour améliorer leurs conditions. Par contre, je ne cacherai pas mon sentiment de désarroi ni mon impression que cette grève est abusive.»

Lavinia Botez, Montréal

mère d'Oriana, 4 ans


«J'amènerai ma fille au travail et je l'installerai dans un bureau avec un iPad, un film et des crayons de couleur pour dessiner.» Lavinia Botez travaille à l'agence de publicité Cossette. Elle a la chance d'avoir un emploi souple... et un employeur compréhensif. «La situation est assez courante. Lundi, jour de grève dans plusieurs CPE à Montréal, il y avait beaucoup d'enfants chez Cossette.» Caroline Morin, directrice des communications de l'agence, confirme: «On comprend que les parents n'ont pas toujours le choix. Quand il y a eu une tempête de neige, il y a deux ou trois ans, nous avons même organisé une projection de films dans une salle de conférence pour les enfants des employés!»

Bruno Girard, Montréal

père d'Ismael, 4 ans, et de Félix, 1 an


«On y a déjà goûté lundi, lors de la première journée de grève des CPE.» Mais le hasard fait bien les choses: les grands-parents d'Ismael et de Félix étaient justement venus de Sherbrooke leur rendre visite pour le week-end. «Nous leur avons demandé de rester une journée de plus pour garder les enfants lundi.» Mardi, les grands-parents ont été réquisitionnés pour une journée de garde supplémentaire: le plus jeune était malade. «C'est la saison», soupire Bruno Girard. Papi a fini par déclarer forfait, mais tant qu'à y être, mamie songe sérieusement à étirer son séjour jusqu'à demain. Ce ne sont sans doute pas ses petits-enfants qui vont s'en plaindre...

Des endroits de dépannage

Pas de beaux-parents pour garder, de collègues pour partager la tâche, de voisins pour vous dépanner? Impossibilité absolue de prendre congé demain? En dernier recours, les parents désespérés peuvent s'adresser aux rares haltes-garderies qui acceptent des bambins sur une base ponctuelle. C'est le cas de Parenthèses-Montréal, rue Notre-Dame Ouest. Hier, ce chic service de garde privé disposait encore de places pour demain, au coût de 15$ l'heure, 45$ pour une demi-journée et 60$ pour la journée. À vous de faire vos calculs.

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LES CPE AU QUÉBEC

> 1000 centres de la petite enfance

> 360 CPE syndiqués à la CSN

> 8500 éducatrices n'iront pas au travail demain

> 22 000 familles seront touchées par la grève