N'en pouvant plus d'attendre la signature d'une nouvelle convention collective, les 2600 travailleurs de 119 centres de la petite enfance du Québec ont fait la grève, lundi. Et cela ne pourrait être que le prélude à un débrayage touchant les 360 établissements représentés par la CSN vendredi.

Les employés de la Montérégie, de la Mauricie et du Centre-du-Québec sont descendus dans la rue, tout comme ceux du groupe Montréal-Laval. Ces derniers, environ 700, ont pris leurs pancartes et leurs trompettes pour signifier leur indignation lors d'une marche qui s'est amorcée au square Saint-Louis pour aboutir au parc Émilie-Gamelin, à Montréal.

Cela signifie aussi que des centaines de parents ont dû trouver une solution de rechange pour faire garder leurs enfants.

«Nous avions avisé les parents le 25 janvier que s'il n'y avait pas d'entente à la fin du mois, nous ferions la grève aujourd'hui. Ce n'est pas une grève sauvage, ils étaient au courant et, historiquement, les parents nous appuient», explique Éric Mondou, président du Syndicat des travailleurs des CPE de Montréal et Laval, affilié à la CSN.

Il déplore que les employés de garderie soient sans contrat de travail depuis deux ans, et accuse l'Association patronale des CPE de Montréal-Laval de faire traîner les négociations.

«Pour eux, il n'y a pas d'urgence. Il n'y a des rencontres de négociation prévues que les 14 et 29 février», dit-il.

L'Association patronale se défend et renvoie le blâme au syndicat, qui n'aurait déposé ses demandes qu'à l'automne; 85% des clauses normatives auraient depuis été réglées.

«On a bon espoir d'en arriver à une entente régionale avec les deux journées qui ont été fixées. Il n'y a pas d'enjeu majeur au régional, et le syndicat met dans le pétrin 5000 familles à Montréal et à Laval aujourd'hui. Et elles vont être encore 22 000 dans le pétrin vendredi», déplore Sylvie Rivard, porte-parole de l'Association patronale.

Les enjeux sont divers et la négociation est complexe puisqu'elle se fait sur deux fronts.

Il y a d'abord des négociations régionales avec l'Association, qui traitent des enjeux normatifs. À Montréal et Laval, la partie patronale souhaite notamment élargir son «droit de gestion».

À ce chapitre, Éric Mondou décrie une demande qui viserait à mettre un terme aux comités paritaires chargés de recommander les embauches aux conseils d'administration. Actuellement, deux représentants patronaux et deux des employés en sont responsables.

«Ils veulent nous enlever ça et décider seuls», dit M. Mondou.

Dans un second temps, il y a la négociation nationale, avec le gouvernement, qui s'intéresse aux questions pécuniaires.

Pour les grévistes rencontrés à Montréal, cette négociation sera aussi cruciale.

«Ça fait 33 ans que je travaille là et je gagne 21$ l'heure. Ça n'est pas beaucoup. Je suis cuisinière, je prépare à manger chaque jour pour 80 enfants. Contrairement à ce que certains croient, je ne fais pas que cuire du macaroni et réchauffer de la soupe. Et je contribue à de nombreuses activités avec les enfants», explique Laure Olivier, du CPE Saint-Édouard, dans l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, à Montréal. Elle note aussi que son salaire n'a pas été indexé au coût de la vie depuis trois ans.

Éric Mondou prévient que si rien ne bouge positivement d'ici à la fin de la semaine, une journée de grève nationale qui pourrait toucher les 360 CPE représentés par la CSN aura lieu vendredi prochain.

Seulement 40% des CPE sont syndiqués, et pas tous à la CSN. La grève touche donc une fraction seulement de tous les établissements.