Il aura fallu que des enfants et des enseignants soient malades pour que les problèmes de moisissures soient détectés à l'école primaire Saint-Gérard. La Commission scolaire de Montréal (CSDM) reconnaît d'ailleurs qu'elle aurait pu agir plus promptement.

De la poussière provoquée par des travaux de rénovation dans l'école a brouillé les cartes, explique la présidente de la CSDM, Diane De Courcy.

Pourtant, des élèves et des membres du personnel se sont plaints de bronchites à répétition, de toux, de rhinites chroniques et d'irritation des yeux. Plusieurs réclamaient des tests de qualité de l'air.

«Nous avons cru, comme la Santé publique, d'ailleurs, que tous ces symptômes étaient associés à la poussière et non pas à des moisissures. L'expérience de Saint-Gérard nous indique que, dans ces cas-là, il s'agit vraiment d'un écran de poussière et qu'il faut faire des tests plus larges pour nous permettre de voir s'il y a de la moisissure», déclare Mme De Courcy.

Travaux

L'école, vieille de 85 ans, a connu un dégât d'eau à l'automne 2010, mais ce ne serait pas la source de contamination, estime la Direction de la santé publique.

C'est plutôt au moment de la reconstruction de certains locaux, principalement lors de travaux de maçonnerie, il y a quelques mois, que des spores se seraient répandues dans l'air.

Le problème, avec les moisissures, c'est qu'elles sont souvent invisibles, rappelle Jean-François Laberge, chef d'équipe à Géoenvironnement LVM\Dessau: «Les développements fongiques sont principalement intramuraux, donc, il n'y a pas lieu de soupçonner à la base une importante problématique de moisissures.»

Des tests de qualité de l'air, en décembre, ont finalement révélé que presque tous les locaux de l'école sont contaminés. Ces résultats alarmants forcent la CSDM à reloger dès aujourd'hui les élèves et le personnel au collège Ahuntsic.

La CSDM devra toutefois trouver une solution à long terme. Les cours reprennent le 23 janvier au cégep, et l'école Saint-Gérard pourrait être fermée pendant 24 mois.

La présidente de la CSDM reconnaît que l'entretien des écoles a été négligé au fil des ans. «Nous savions qu'il y avait eu ce qu'on appelle des déficits dans l'entretien préventif, et ce, depuis de très, très nombreuses années», indique Mme De Courcy. Le ministère de l'Éducation a dégagé des fonds depuis cinq ans pour tenter de combler de retard, a-t-elle précisé.



Cinq écoles

Au cours de la dernière année, cinq écoles de la CSDM ont été touchées par des problèmes de moisissures.

Deux annexes de la formation générale des adultes ont d'abord été touchées, puis, l'automne dernier, les élèves de l'école Baril ont dû être relogés dans les écoles Saint-Nom-de-Jésus et Hochelaga.

Mais l'école Hochelaga a fermé à son tour. L'ajout d'un système de ventilation devrait permettre sa réouverture d'ici deux semaines. L'école Baril devrait pour sa part rouvrir en décembre 2012 ou au début de 2013.

La CSDM est par ailleurs en train de mettre en place un programme de contrôle de la qualité de l'air dans ses écoles qui devrait être annoncé au printemps. Un budget de 10 millions pour la première année permettra d'examiner le quart des 200 écoles du réseau.

Les écoles où ont eu lieu des travaux de maçonnerie et où il y a eu des dégâts d'eau dans les combles ou au sous-sol seront les premières inspectées.

C'est une bonne chose, mais le programme est lent à se mettre en branle, estime Josée Tétreault, responsable du comité santé et sécurité du travail à l'Alliance des professeurs.

«Pendant ce temps, on risque que des problèmes apparaissent dans d'autres écoles», dit-elle.