Les préjugés sont nombreux contre les nouveaux arrivants, et parfois, leurs propres enfants les alimentent, constate la pédopsychiatre Cécile Rousseau.

«Des jeunes femmes musulmanes qui sortent par la fenêtre la nuit et vont danser dans un cabaret topless avec des plumes dorées sur les fesses, nous en avons vu, dit-elle. Alors bien sûr, les parents essaient de leur mettre des limites avec les méthodes qu'ils connaissent.»

Mais étrangement, poursuit-elle, l'adolescente commencera à se plaindre des coups seulement le jour où on menacera de lui enlever son iPod ou de la garder à la maison. «Le jeune sait sur quelle corde tirer pour faire réagir. Au lieu d'aller interroger le parent, de comprendre son intention, on tient pour acquis qu'il n'est pas civilisé.»

Or, dit-elle, retirer ces jeunes de leur famille aggrave leur cas: «Quand on les place, ils développent des troubles de comportement flamboyants, car ils ne maîtrisent pas les codes. Ils croient qu'ils peuvent tout faire.»

«Après avoir été traités comme des bébés jusqu'à 11 ou 12 ans, certains jeunes retirés de leur famille ne savent pas gérer leur liberté et peuvent tomber dans la délinquance, confirme la psychologue Rachida Azdouz. Mais c'est à nous d'être hyper vigilants. Placer un enfant temporairement peut avoir du bon et donner un répit à tout le monde.»

Les jeunes qui exagèrent la violence de leurs parents peuvent même s'ouvrir les yeux, dit-elle. «On en a vu se plaindre que leur famille d'accueil les disputait et les forçait à laver la vaisselle. Cela remet parfois les choses en perspective...»