Après le vérificateur général la semaine dernière, c'est au tour de l'Association des garderies privées du Québec de dénoncer le manque de rigueur dans l'attribution de 18 000 places à contribution réduite en 2008.

«Les fonctionnaires mettent du sable dans l'engrenage. Ils n'ont pas fait le travail avec rigueur et diligence», dénonce Sylvain Lévesque, président de l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ), qui représente 350 garderies fréquentées par 27 000 enfants.

Documents à l'appui, l'AGPQ a dévoilé lundi le dossier d'un promoteur, propriétaire d'une garderie de 80 enfants, qui a soumis neuf propositions pour ouvrir une garderie dans la région métropolitaine, dans le cadre de l'appel d'offres lancé par le ministère de la Famille et des Aînés (MFA), en 2008.

Pour chacune des demandes, le promoteur a présenté essentiellement le même projet. Mais l'évaluation qui en a été faite par les fonctionnaires varie considérablement d'un cas à l'autre.

Selon les analyses, le promoteur reçoit ainsi une note variant de zéro sur deux à deux sur deux pour ses aptitudes en gestion. Il s'agit d'une gestionnaire d'expérience, diplômée en technique de la petite enfance, qui a aussi une formation universitaire en administration et gestion des ressources humaines, fait valoir M. Lévesque.

«C'est stupéfiant. Qu'est-ce qui explique cet écart? C'est la même gestionnaire avec la même expertise», lance-t-il.

L'Association accuse également le ministère de la Famille et des Aînés de malhonnêteté. Les fonctionnaires ont utilisé des inspections négatives d'autres garderies, faussement attribuées au promoteur, pour rejeter les projets présentés, affirme

M. Lévesque.

«Il est totalement inacceptable et malhonnête que le Ministère et les fonctionnaires associent au demandeur de nouvelles places subventionnées des rapports d'inspection défavorables pour des garderies qui ne lui appartiennent pas.»

«La pointe de l'iceberg»

L'AGPQ rejette l'entièreté du processus d'attribution des places de 2008 et réclame la tenue d'une commission parlementaire pour que les fonctionnaires expliquent leurs décisions.

La semaine dernière, à la suite du rapport dévastateur du vérificateur général, c'est la ministre de l'époque, Michelle Courchesne, qui avait principalement été critiquée.

«Les fonctionnaires sont également imputables. [...] C'est majeur, il faut aller au fond des choses. Ce qui se passe avec Mme Courchesne n'est que la pointe de l'iceberg», soutient M. Lévesque.

Ces nouvelles révélations n'ébranlent pas la ministre de la Famille et des Aînés, Yolande James. Le processus d'attribution a été complètement revu, rappelle son attachée de presse, Geneviève Hinse.

«La ministre a amplement commenté en disant qu'elle prend cela très au sérieux. Plusieurs modifications sont en cours», indique Mme Hinse en soulignant que des comités régionaux ont été mis en place dans le cadre des appels d'offres qui ont cours actuellement pour l'attribution de 15 000 nouvelles places.

Quant à une reddition de comptes de la part des fonctionnaires, c'est aux parlementaires de prendre une décision, a conclu Mme Hinse.