Les étudiants tireront une première salve jeudi dans leur bataille contre la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement Charest.

Quelque 110 000 étudiants débrayeront pour une journée, jeudi prochain, à l'occasion d'une manifestation nationale.

Pour Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), l'ampleur du mouvement est surprenante. Selon lui, un seul vote de grève a échoué dans toute la province et le cap des 125 000 étudiants en grève devrait être dépassé d'ici quelques jours.

«Ça déboule à une vitesse incroyable. Hier (mercredi) il y a eu 25 000 personnes qui ont voté en faveur. À chaque jour on reçoit des résultats de votes. C'est souvent des votes très convaincants. C'est du jamais vu», a-t-il affirmé en entrevue téléphonique.

Le Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) se réjouit aussi de ces résultats. Selon sa présidente, Martine Desjardins, cet appui massif au débrayage traduit bien le ras-le-bol des étudiants.

«On a tous un même objectif, qui est de contrer la hausse des frais de scolarité», a-t-elle affirmé jeudi.

Si plus de 10 000 manifestants sont attendus le 10 novembre dans les rues de Montréal, une campagne plus intense devrait commencer dès l'hiver prochain. Des associations étudiantes affirment qu'une grève générale est devenue inévitable, alors que d'autres disent attendre la réaction de Québec.

Et les étudiants ne seront pas seuls pour tenter de faire reculer la ministre de l'Éducation Line Beauchamp, qui sert de porte-étendard au gouvernement dans ce dossier.

Les centrales syndicales québécoises ont annoncé jeudi matin à Montréal qu'elles appuieront les étudiants dans leur croisade. Elles fourniront un soutien logistique et financier aux associations étudiantes afin d'organiser leur campagne politique.

Ce soutien sera le bienvenu. Les associations étudiantes ne s'attendent pas à voir le gouvernement reculer à la première manifestation et une campagne de longue haleine pourrait commencer dès l'hiver, affirme Gabriel Nadeau-Dubois, de l'ASSÉ.

«On n'est pas naïf. On sait très bien que ce gouvernement est entêté. On ne se fait pas d'illusion, il est fort probable que le gouvernement ne recule pas après la manifestation du 10 novembre», a-t-il indiqué.

Martine Desjardins se fait plus prudente, affirmant attendre de voir comment le gouvernement répondra à la manifestation de jeudi prochain. Le soutien des syndicats demeure toutefois précieux, selon elle.

«Pour nous, c'est important de montrer un sentiment d'unité et de montrer que tous les étudiants et la population civile ne veut pas de cette augmentation», a-t-elle exposé.

Le gouvernement Charest a annoncé l'an dernier qu'à compter de 2012, les étudiants devront assumer une hausse de leurs droits de scolarité de 325 $ par année pendant cinq ans, soit 1625 $ à terme. Leur contribution de base passera donc d'environ 2200 $ par année à 3800 $. La facture des étudiants québécois resterait toutefois parmi les plus basses au pays.

Selon Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), cette augmentation des droits de scolarité hypothèque l'avenir des jeunes Québécois en augmentant leur endettement.

Les besoins en main-d'oeuvre de la province pourraient même ne pas être comblés parce que moins de futurs travailleurs fréquenteront l'université.

«On ne peut pas se payer le luxe, comme société québécoise, de laisser pour compte des étudiants et des étudiantes qui seraient découragés par l'endettement en termes de prêts étudiants», a-t-il plaidé.

Ces jeunes «renonceraient à certains programmes, renonceraient à se scolariser plus et à aller chercher des diplômes d'études supérieures», a dit le dirigeant syndical.

M. Parent met toutefois en garde les étudiants: les centrales syndicales ne pourront maintenir leur appui si des actes de violence sont posés durant les manifestations ou les autres actions qui seront organisées.