La cour de l'école primaire Garneau, à Montréal, s'est remise à résonner de cris et de rires, envahie par des dizaines d'élèves heureux de retrouver amis et enseignants, mais tout de même nerveux en cette rentrée scolaire.

Il est encore tôt en ce matin frisquet. Deux jeunes garçons descendent joyeusement la rue Papineau. Ils se mettent soudain à courir en direction d'une enseignante qui s'apprête à entrer dans l'école. Ils lui sautent dans les bras, heureux de la revoir.

«Vous aviez hâte de recommencer», leur lance un membre du personnel en déverrouillant la clôture de la cour d'école pour les laisser entrer.

Un peu en retrait, la petite Lori-Kim sautille sur place, accompagnée de sa mère et de sa grand-mère. «J'ai hâte d'apprendre à lire pour pouvoir raconter des histoires moi aussi», explique timidement la petite qui commence sa première année.

«C'est une grosse journée. Elle avait tellement hâte qu'elle s'est couchée à 19 h dimanche pour que ça passe plus vite», renchérit sa mère, Dominique Bastille.

La cour d'école se remplit rapidement. Les enseignants sortent un à un de l'école, une grosse pancarte à la main affichant les noms des élèves de leur groupe. Des petits s'agglutinent rapidement autour d'eux. «Yé!» lance un jeune garçon en découvrant le nom de son enseignante de troisième année.

Au milieu du brouhaha, la directrice de l'école se promène en accueillant son monde. «La rentrée est une grosse période, lance Nathalie Blanchet. C'est beaucoup de préparation pour s'assurer que les enfants sont au bon endroit, dans les bonnes classes, et pour s'assurer aussi que nous avons tous les enseignants dont nous avons besoin. Mais aujourd'hui, nous sommes prêts.»

Pour les plus petits, inscrits à la prématernelle quatre ans ou en maternelle cinq ans, l'entrée se fait de façon progressive. Les enseignants rencontrent les enfants avec leurs parents. Plusieurs gardent la tête baissée, intimidés par ce nouvel environnement. D'autres affichent déjà une belle assurance. C'est le cas d'Angelika Demers, une jolie blondinette qui a fait sa prématernelle à l'école Garneau l'an dernier. «Je suis contente de commencer la maternelle. Mes amis me manquaient beaucoup», dit-elle.

Rentrées syndicale et patronale

Pendant qu'élèves et enseignants font connaissance, la présidente de la Commission scolaire de Montréal, Diane De Courcy, a pour sa part plusieurs priorités en tête. La réussite des élèves en fait partie.

«La rentrée représente un paquet de promesses dans les sacs d'école parce que dans les faits, les enfants ont tellement d'espoir! [...] C'est plein de promesses, beaucoup d'attente, beaucoup de désirs, et c'est vrai aussi pour le personnel, qui souhaite faire réussir les enfants», déclare Mme De Courcy.

Ça semble loin encore, mais dans quelques semaines, les parents recevront déjà le premier bulletin. Cette année, c'est le retour au bulletin chiffré, une formule qui est loin de faire l'unanimité chez les enseignants, reconnaît la présidente de la CSDM.

«Le bulletin est d'abord un outil de communication avec les parents. Si les parents sont à l'aise avec le bulletin, c'est le bon», indique Mme De Courcy, en se montrant toutefois disposée à discuter avec le syndicat des enseignants sur l'ensemble du dossier de l'évaluation des apprentissages afin d'apporter des améliorations s'il y a lieu.

De son côté, la Fédération autonome des enseignants - qui représente ceux de la CSDM - entend mener une campagne d'information et de sensibilisation auprès des parents au sujet du bulletin unique.

«Le problème, c'est qu'on se retrouve avec un formulaire unique, mais ça ne veut pas dire qu'il est uniforme partout», explique le président de la FAE, Pierre St-Germain.

Pour lui, les parents ne sauront pas plus qu'avant où se situe leur enfant. «Ce bulletin est un mensonge flagrant. On trompe les parents quand on dit qu'on a un bulletin unique qui rend compte des connaissances, des pourcentages et des moyennes de groupe.»

Le président rencontrera ses membres sous peu pour discuter des prochaines actions. Mais loin de se limiter au bulletin unique, c'est tout le programme d'enseignement que veut revoir la FAE. D'ici décembre, le syndicat compte soumettre à la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, sa vision en matière d'évaluation des apprentissages.