Les compressions-surprises que Québec impose aux cégeps pour les deux prochaines années mettent en péril l'atteinte d'objectifs fondamentaux comme la rétention de la clientèle et la formation d'une main-d'oeuvre qualifiée, affirme la Fédération des cégeps.

Le ministère de l'Éducation a imposé aux cégeps des compressions de 31,3 millions cette année. Ce sera la même chose en 2012-2013, après quoi on annonce un réinvestissement.

Il est urgent de consolider et de stabiliser le financement du réseau des 48 cégeps, presse le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Jean Beauchesne, en tournée médiatique cette semaine à l'occasion de la rentrée. «Il faut continuer de travailler pour trouver des moyens imaginatifs d'assurer la stabilité. On ne peut pas investir et désinvestir», dit-il.

Déjà, 28 cégeps prévoient un déficit cette année et devront puiser dans leurs surplus accumulés.

Les cégeps feront face à des défis de taille dans les prochaines années. D'abord, les prévisions laissent entrevoir une baisse importante de la clientèle.

Cette année, avec 174 861 élèves inscrits, l'ensemble du réseau enregistre une hausse de 1,4%, mais leur répartition est inégale. Les 12 cégeps de Montréal sont pratiquement complets. La croissance se fait aussi sentir en Montérégie, dans Lanaudière, dans les Laurentides et dans le Centre-du-Québec, où la clientèle a fait un bond de 8,7% cette année, notamment grâce à l'implantation de programmes régionaux spécialisés.

Mais ailleurs, le nombre d'élèves inscrits diminue, comme au Saguenay-Lac-Saint-Jean, où la baisse est de 2,4%.

«Des régions sont plus à risque. Ce qu'on voit dans la lorgnette n'est pas rassurant», déclare M. Beauchesne.

Pour contrer la baisse de clientèle dans les régions, la Fédération mise notamment sur les programmes exclusifs, offerts par certains cégeps seulement, et sur le recrutement d'élèves étrangers. Les élèves étrangers permettent à certains cégeps d'ouvrir des cohortes, ce qui ne serait pas possible autrement. On compte 1600 élèves étrangers dans le réseau. La Fédération aimerait en voir quelques milliers de plus.

Formation continue pour les adultes

L'autre défi majeur est la formation d'une main-d'oeuvre qualifiée. Les besoins seront importants dans les prochaines années, rappelle M. Beauchesne. Pourtant, la formation continue des adultes est négligée.

«C'est une préoccupation plus pointue cette année parce que les données d'Emploi-Québec prévoient qu'il y aura 700 000 emplois à pourvoir dans les six ou sept prochaines années», explique M. Beauchesne.

Quelque 25 000 adultes qui sont déjà sur le marché du travail suivent une formation collégiale pour se perfectionner, mais environ 5000 sont laissés en plan chaque année, faute de budget.

«On ne veut plus avoir une limite financière faisant en sorte qu'on laisse des adultes sur les listes d'attente, indique M. Beauchesne, qui souhaite discuter de la question avec le Ministère. C'est un verrou important à notre capacité de répondre à la demande.»

Les cégeps doivent également travailler à long terme pour améliorer leur taux d'obtention de diplôme. Un élève sur trois abandonne le cégep avant d'avoir obtenu son diplôme.