En cette période de rentrée scolaire, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a accepté de nous parler des défis qu'elle aura à relever dans les mois à venir.

À l'aube d'un automne chaud, au moment où les étudiants attaquent le gouvernement sur la hausse des droits de scolarité, la ministre Line Beauchamp affiche de son côté une confiance tranquille.

Un gouvernement qui touche aux droits de scolarité sait d'avance qu'il soulèvera un vent de contestation. «On s'est toujours attendu à cela», affirme posément la ministre à La Presse.

Il est primordial de réinvestir dans le réseau universitaire et de rééquilibrer la part du financement venue des étudiants, estime la ministre. Il existe d'ailleurs «un fort consensus» à l'Assemblée nationale sur la nécessité de soutenir davantage le milieu universitaire, souligne Mme Beauchamp. Tous ne s'entendent pas, toutefois, sur les moyens d'y parvenir.

Le fardeau n'incombe pas seulement aux étudiants, assure la ministre. «Le plus grand pas est fait par l'ensemble de la population à même les impôts des Québécois, ce n'est pas banal. Je représente Montréal-Nord à l'Assemblée nationale, je sais quel est le revenu moyen des familles québécoises, notamment dans ma circonscription.»

La ministre insiste sur l'équilibre intergénérationnel qui doit être rétabli. Le gouvernement veut ramener la proportion des contributions des étudiants et de la population en général à ce qu'elle était à l'époque de la Révolution tranquille, à la fin des années 60.

«C'est la notion de juste part», précise Mme Beauchamp, qui souligne que les droits de scolarité, au Québec, sont les plus bas d'Amérique du Nord, et que les étudiants s'y endettent moins qu'ailleurs.

Les sommes générées grâce à la hausse des droits de scolarité seront réinvesties dans le réseau universitaire, promet la ministre. «Cet argent doit servir à l'amélioration de l'enseignement, de la recherche et du soutien aux étudiants à l'université.»

La contestation étudiante, qui pourrait mener jusqu'à la grève, risque tout de même de faire mal, en pleine année électorale ou préélectorale. «On n'en est pas là», rétorque la ministre.

Bulletin et décrochage

Mais en plus des droits de scolarité, d'autres dossiers risquent de faire des vagues, notamment l'implantation du bulletin universel. À Montréal, en particulier, l'Alliance des professeurs exige qu'on la reporte une fois de plus.

Si la ministre a accepté l'an dernier, il n'en est pas question cette fois. «Certains voudraient, à travers le bulletin unique, tout remettre en cause. Je dis non. On ne remettra pas tout en cause (la réforme). Dans la grande majorité du territoire québécois, le bulletin sera bel et bien en place.» La ministre s'attend à de la contestation à Montréal.

Avec des notes pour chacune des disciplines et des moyennes de groupe, le bulletin universel répond au souhait des parents, rappelle Mme Beauchamp. Il sera «plus simple, plus utile pour apprécier la progression de l'enfant».

Le milieu de l'Éducation est par ailleurs aux prises avec des problèmes récurrents auxquels il ne semble pas exister de solution miracle. Le décrochage scolaire et le faible taux d'obtention de diplôme à 20 ans, surtout chez les jeunes garçons, est probablement à l'Éducation ce que sont les temps d'attente dans les urgences pour la Santé.

On constate quelques progrès, mais la situation demeure problématique d'année en année.

La clé est la valorisation de l'école, croit Mme Beauchamp. «Il faut que ce soit plaisant, motivant, d'ouvrir la porte de son école.»

Pour susciter l'intérêt des élèves - et particulièrement des garçons -, le gouvernement Charest mise notamment sur le sport, les activités parascolaires et l'intégration des nouvelles technologies dans les classes.

Dans les années à venir, on consacrera également beaucoup d'efforts à l'apprentissage de la lecture. Des études ont démontré clairement le lien entre les difficultés en lecture dès le bas âge et la réussite scolaire.