Les cinq commissions scolaires de l'île de Montréal recevront une subvention amputée de 1,5 million de dollars comparativement à l'an dernier pour les écoles défavorisées, une mesure qui risque de faire mal.

C'est ce qu'elles ont appris au cours des derniers jours, au terme de l'adoption du budget du Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal (CGTSIM) pour l'année scolaire 2011-2012. L'enveloppe budgétaire allouée aux écoles défavorisées passera de 10 millions l'an dernier à 8,5 millions en 2011-2012.

«Chaque fois qu'on a une petite ou une grande somme qui disparaît, ça devient catastrophique, surtout dans les milieux défavorisés», déclare la présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissements d'enseignement (FQDE), Chantal Longpré. La FQDE représente 2400 membres, dont ceux de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, dans l'île de Montréal.

Baisse de la subvention

Le CGTSIM verse les subventions aux commissions scolaires qui les redistribuent aux écoles défavorisées selon des barèmes précis.

Une diminution des subventions, même de 10 000$, est considérable pour une école, ajoute Mme Longpré. «Dix mille dollars, c'est beaucoup d'argent. Ça peut nous permettre d'offrir un berlingot de lait à une école de 400 élèves tous les jours pour toute une année, ce n'est pas rien.»

La baisse de revenus signifie que les écoles auront moins d'argent pour mettre en place des programmes et des projets afin de favoriser la réussite et la motivation des élèves. D'autres devront renoncer à combler des postes de professionnels qui travaillent en soutien aux enseignants et même, dans certains cas, diminuer le temps alloué à certains services, notamment l'orthopédagogie, renchérit le président de l'Association montréalaise des directions d'établissement scolaire, Gaétan Neault, qui représente quelque 475 membres répartis au sein de la commission scolaire de Montréal et de la commission scolaire de la Pointe-de-l'Île.

«C'est vraiment pire que l'an dernier», affirme-t-il. Cette diminution des montants alloués aux écoles défavorisées s'accompagne en effet d'une révision de la carte des écoles défavorisées qui s'appliquera à partir de la prochaine rentrée scolaire. Une cinquantaine d'écoles défavorisées de Montréal ont ainsi perdu leur statut d'écoles défavorisées et n'ont plus le droit aux subventions. S'ajoutent également des baisses-surprises de 110 millions imposées par le ministère de l'Éducation aux commissions scolaires plus tôt ce printemps.

À une période où les directions d'école s'affairent elles aussi à boucler leur budget, ces situations créent «beaucoup de questionnement, une certaine insécurité et de l'incertitude», explique M. Neault.

Hausse de la taxe scolaire

Le budget du CGTSIM contenait une autre mauvaise surprise. Les Montréalais devront absorber une hausse de 2,4% de la taxe scolaire pour 2011-2012, dont le premier versement est à payer le 1er août.

Le Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal perçoit et distribue les revenus de la taxe scolaire, mais c'est le ministère de l'Éducation qui fixe les modalités. Pour 2011-2012, le CGTIM doit ainsi récupérer une somme de 425,8 millions. Résultat, le taux de taxation a été fixé à 0,22$, une légère baisse comparativement à 0,24$ l'an dernier. Étant donné l'augmentation des évaluations foncières, cela se répercute toutefois par une hausse de 2,4% de la taxe scolaire pour les Montréalais. Celle-ci sert à financer environ 20% des dépenses de fonctionnement des commissions scolaires.

Quant aux subventions comme celles allouées aux écoles défavorisées, elles proviennent des revenus d'intérêts sur la taxe scolaire. L'impact de la crise économique se fait encore sentir sur les taux d'intérêt et se répercute sur les revenus qui sont à la baisse, explique la directrice générale du CGTSIM, Sylvie Dorion.