Les commissions scolaires sont furieuses, encore sous le choc d'avoir appris la semaine dernière qu'elles devront absorber un manque à gagner de 110 millions $, dans leur budget 2011-2012.

Selon elles, il s'agit de compressions inattendues et inacceptables, imposées par Québec en catimini. Et ce sont les élèves et leurs parents qui en feront les frais.

Mais selon la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, les commissions scolaires doivent accepter de se serrer la ceinture, en sabrant dans les dépenses administratives.

Dans un contexte de compressions budgétaires et de lutte au déficit, il est normal, a fait valoir la ministre en entrevue téléphonique, lundi, que les commissions scolaires fassent aussi leur part et apprennent à gérer différemment les fonds publics.

Loin de diminuer, Mme Beauchamp soutient que le budget des commissions scolaires a augmenté cette année de 345 millions $, soit quatre pour cent de plus que l'année précédente. Un tel ajout de fonds suffira, selon elle, pour couvrir la croissance annuelle des coûts de système.

Le manque à gagner de 110 millions $ dénoncé par les commissions ne constitue donc pas, à ses yeux, une compression budgétaire, mais bien une majoration moins substantielle des crédits alloués.

«Je serre la vis à un endroit: je leur dis que c'est dans l'administration que vous devrez couper», a soutenu la ministre.

«La lutte à la bureaucratie: c'est là que l'effort doit être fait», a insisté Mme Beauchamp, pour justifier sa décision et montrer la voie à suivre.

«On gère différemment. Les commissions scolaires sont appelées à faire les mêmes sortes de choix, les mêmes sortes de changements» que le gouvernement, qui garde le cap sur le retour à l'équilibre budgétaire en 2013-2014.

Tableaux à l'appui, la ministre et la présidente de la Fédération des commissions scolaires, Josée Bouchard, se sont livrées lundi à une véritable guerre de chiffres, quant à la situation budgétaire réelle du réseau scolaire.

Dans l'esprit de la ministre, malgré le manque à gagner anticipé, les commissions scolaires pourront très bien fonctionner avec les budgets alloués, et il n'est surtout pas question d'accepter de les voir couper dans les services aux élèves.

Au contraire, Mme Bouchard estime pour sa part qu'elle n'aura tout simplement pas le choix. «On va voir une diminution de services», assure-t-elle, brandissant le spectre d'une rentrée scolaire compromise en septembre prochain.

Car, dans ce contexte, des services directs aux élèves seront inévitablement touchés, prévient-elle, citant en exemple la formation professionnelle, les services aux élèves aux prises avec des problèmes de comportement ou des problèmes d'apprentissage, de même que les services de garde aux enfants vivant dans la pauvreté à Montréal.

La lune de miel entre la ministre Beauchamp et le milieu de l'éducation semble donc bel et bien terminée. Mme Bouchard anticipe désormais un climat de tension et de méfiance envers Québec.

«La relation, jusqu'ici, elle était bonne», mais le lien de confiance est désormais brisé, soutient-elle.

La présidente de la fédération estime aussi que Québec adopte en la matière une attitude complètement contradictoire, promettant d'une main, récemment, d'investir dans l'achat de tableaux interactifs dans les classes et d'ordinateurs pour les enseignants, puis, de l'autre, en sabrant 110 millions $ dans le budget du réseau scolaire.

Elle dit avoir été mise au courant de la nouvelle situation budgétaire lors d'une rencontre avec des hauts fonctionnaires du ministère jeudi dernier.

Aussitôt, les présidents des 69 commissions scolaires ont été convoqués par leur fédération, vendredi et samedi dans un hôtel de Québec, pour les informer de la situation et organiser la riposte.