À l'ouverture du congrès du Parti québécois, vendredi, la Fédération des cégeps a fait parvenir une lettre à tous les députés péquistes afin de leur demander de ne pas étendre les dispositions de la loi 101 au réseau collégial.

Même si elle reconnaît que la situation du français au Québec - et particulièrement à Montréal - mérite la plus grande vigilance, la Fédération estime que le réseau collégial n'est pas le problème et que le PQ ferait fausse route en le ciblant.

Pour étayer son argumentation, la Fédération fait valoir que seulement 12 500 allophones et francophones fréquentent un cégep anglais sur un total de 175 000, soit à peine sept pour cent de cette clientèle. Cette proportion est stable depuis 10 ans, tandis que la part d'allophones qui la compose est en baisse, selon la Fédération.

Par ailleurs, la Fédération souligne que la dernière enquête du Conseil supérieur de la langue français qui portait sur ce sujet identifiait non pas la fréquentation du cégep, mais bien la culture du pays d'origine comme principal facteur de transfert linguistique des allophones. En d'autres termes, le fait de provenir d'un pays du Commonwealth ou d'une ancienne colonie française, par exemple, était bien davantage susceptible d'influencer un transfert vers l'anglais ou le français que le choix d'un cégep.

Le président-directeur général de la Fédération, Jean Beauchesne, rappelle en outre que la fréquentation du cégep n'est pas obligatoire et que la liberté du choix de l'institution doit prévaloir pour les jeunes adultes, au même titre que le choix de fréquenter une institution postsecondaire ou non.

M. Beauchesne qualifie d'excessif le fait de présumer que deux années d'études dans un collège anglais puisse conduire à l'anglicisation, ou mettre en péril la maîtrise ou le rayonnement de la langue française, d'autant plus que les cours de français sont obligatoires au cégep anglais.

Il souligne que le débat de faire du français la langue de travail et la langue officielle a été réglé il y a 30 ans et que la loi 101 existe précisément à cette fin. Selon M. Beauchesne, si cette réalité ne se traduit pas dans la vie de tous les jours, ce n'est certainement pas en imposant l'application de la loi 101 au niveau collégial que l'on corrigera la situation, mais bien en faisant respecter la loi.