«Salut. Jai couler (sic) le cours et je veux me faire rembourser. Merci.»

Envoyé à l'École Duval en août dernier, ce courriel illustre de manière éloquente les attentes de nombreux élèves inscrits en cours d'été.

Et les parents peuvent être tout aussi revendicateurs, rapporte le directeur des études, Karl Duval. «Quand je leur envoie les résultats, la ronde de contestations commence», dit-il, en fouillant dans une pile de courriels pour le prouver. (Et prouver du même coup que la réussite n'est pas automatique à son école.)

Pourquoi mon fils échoue-t-il alors qu'il lui manque «seulement trois points» et qu'«il a fait beaucoup d'efforts pour rester concentré et ne pas parler pendant les cours»? a par exemple protesté une mère (comme si elle avait suivi le cours à ses côtés).

Comment ma fille a-t-elle pu obtenir 56% en cours d'été alors qu'elle avait fini l'année avec 58% dans son collège privé? s'est indignée une autre.

«Les parents nous disent: On a payé, alors on va passer! C'est leur premier argument. Il faut leur expliquer qu'ils ont payé pour un service, pas pour une note. On ne peut pas forcer leur enfant à travailler. Pour se protéger, on doit tout consigner: chaque absence, chaque retard, chaque devoir non remis.»

Dans son bureau, une caricature de style «avant-après» en témoigne. On y voit deux paires de parents vociférer «C'est quoi, ces notes?» en brandissant un bulletin qu'on devine désastreux. Les parents de la belle époque interpellent un enfant contrit. Ceux d'aujourd'hui, un enseignant terrorisé.

La culture de l'effort

«L'école n'est plus respectée de manière aussi inconditionnelle qu'avant, résume M. Duval. Plusieurs pensent qu'il suffit de venir au cours pour réussir.»

Et encore... On lui a déjà téléphoné en disant qu'il pleuvait trop fort pour qu'un jeune vienne en classe. Et remis quantité de faux billets de médecin, grossièrement découpés, couverts de gribouillis ou arborant le numéro d'une pizzeria. «La culture de l'effort s'est perdue», dit-il.