Enseignante à Sainte-Thérèse, Nicole Ouimet a été surprise, il y a quelques semaines, de constater que le cours qu'elle offre, décoration intérieure et étalage, ne serait pas offert pour ce semestre d'hiver car une importante refonte de la formation professionnelle est en cours au Québec. Cette refonte, dont l'objectif est de coordonner l'offre de cours aux besoins du marché du travail, crée déjà des remous, a constaté La Presse.

Depuis cinq ans, le Centre de formation des Nouvelles-Technologies de Sainte-Thérèse avait une entente avec la Commission scolaire de Québec et pouvait offrir le cours de décoration intérieure et étalage à une centaine d'élèves.

Mais les règles du jeu ont changé l'été dernier quand le ministère de l'Éducation (MELS) a décidé de revoir l'offre de formation professionnelle au Québec, afin de «répondre aux besoins réels de formation du marché du travail et permettre que la formation donnée soit équivalente partout au Québec».

Depuis juillet, toute entente d'offre de cours de formation professionnelle doit être approuvée par Québec. La porte-parole du MELS, Esther Chouinard, indique que sur les 120 demandes faites par les commissions scolaires depuis l'été, 114 ont été acceptées de façon permanente ou temporaire.

Mais le cours de décoration intérieure de Mme Ouimet est en attente. «On veut une autorisation pour offrir ce cours. Environ 80% de nos diplômés sont placés à la fin de leur formation. Ce n'est pas vrai qu'ils ne vont nulle part! dit Mme Ouimet. Le gouvernement dit qu'il veut valoriser la formation professionnelle. Ici, on a un programme qui marche et on le sabre.» Mme Ouimet explique que les Laurentides enregistrent une forte hausse de population et que la demande pour les diplômés en décoration intérieure n'ira pas en diminuant.

Le directeur du service de formation professionnelle à la commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles, Georges Brisset, ignore si le cours de décoration intérieure du Centre de formation des Nouvelles-Technologies de Sainte-Thérèse pourra de nouveau être offert en septembre. «Le gouvernement veut une meilleure adéquation entre le monde du travail et la formation professionnelle. Eh bien, je peux vous dire qu'on a démontré que notre taux de placement en décoration intérieure est bon», plaide-t-il. D'autres formations professionnelles offertes à la CSSMI ont été approuvées de façon temporaire ou permanente par le MELS comme mécanique agricole, mécanique de véhicule léger et préposés aux bénéficiaires.

Rencontre en juin

Une grande rencontre des partenaires de l'éducation aura lieu au mois de juin et portera sur l'offre de cours en formation professionnelle au Québec.

Vice-présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement du Québec (FSE), Josée Scalabrini reconnaît «qu'il était temps» que le gouvernement mette de l'ordre dans l'offre de cours en formation professionnelle. Mais elle déplore que le MELS décide actuellement «sans règles claires». «Comment prend-on les décisions? On ne sait pas. On ne connaît pas encore les besoins réels du milieu professionnel. C'est flou», dit-elle.

Mme Scalabrini ajoute que les enseignants de formation professionnelle souhaitent que le leadership dans ce dossier soit entièrement assumé par le MELS. Selon elle, le ministère de l'Emploi joue un trop grand rôle dans le choix d'offre de cours en formation professionnelle. «Il faut redonner l'éducation au bon ministère», dit-elle.