Vingt-cinq professeurs de l'Université McGill dénoncent les «actions disgracieuses» de la direction, qui fait obstacle, selon eux, à la campagne de syndicalisation des chargés de cours.

Dans une lettre d'appui, signée notamment par l'avocat Julius Grey et l'épidémiologiste Abby Lippman, ils soutiennent que les agissements de l'administration «portent atteinte à la liberté d'expression de tous les membres de la communauté universitaire».

Il revient aux chargés de cours - des professeurs surnuméraires payés à forfait pour le trimestre - de juger de la pertinence de se syndiquer, peut-on encore lire dans la lettre, et ils devraient pouvoir exercer ce choix «sans intimidation ou harcèlement» de la part de la direction.

Voilà un an que la campagne de syndicalisation des chargés de cours a été lancée à l'Université McGill. L'un de ceux qui la mènent, Mijel Rozworski, accuse la direction d'avoir enlevé certaines affiches et de tout faire pour empêcher la syndicalisation. «L'Université se vante sans cesse d'avoir très peu de chargés de cours (et de miser sur l'embauche de professeurs), mais quand il s'agit de déterminer devant la Commission des relations du travail combien de signataires il nous faut pour avoir le droit de tenir un vote, là, elle prétend qu'elle en a 1500», déplore M. Rozworski.

Par écrit, Anthony C. Masi, vice-principal de l'Université McGill, reconnaît que l'Université ne peut interférer dans le processus de syndicalisation, mais il précise que la pose d'affiches doit se faire dans le respect des normes établies, après avoir obtenu des autorisations.

Par ailleurs, insiste M. Masi, «l'Université McGill respecte la liberté d'expression et le droit de se syndiquer. La loi québécoise du travail établit cependant des limites à cette liberté d'expression. Par exemple, les syndicats n'ont pas le droit de solliciter les employés pendant leurs heures de travail.»

Peu importe l'issue de cette bataille, Mijel Rozworski estime, lui, que les chargés de cours en sortent déjà gagnants. «Pour nous convaincre de l'inutilité de nous syndiquer, l'Université a jugé bon de nous accorder une hausse de salaire en janvier et promet que ce salaire atteindra 7200$ en janvier. C'est ça de pris, mais ce n'est pas suffisant: nos conditions de travail demeurent inférieures à celles des chargés de cours qui sont syndiqués.»

La CSN, à laquelle entendent s'affilier ceux qui mènent la bataille à l'Université McGill, compte déjà quelque 8000 chargés de cours dans ses rangs, un peu partout au Québec.