À quelques jours de Noël, une trentaine d'enfants des Laurentides viennent de perdre leur garderie. Le 21 décembre, le ministère de la Famille a fermé la garderie Système Montessori chez Denyse, à Morin Heights, qui accueillait une trentaine d'enfants de 3 à 5 ans, parce que l'établissement n'avait pas de permis.

«Nous avons travaillé avec la garderie pour qu'elle se conforme à nos normes. Nous lui avons accordé plusieurs délais en vain. Nous avons des critères à faire respecter. Nous voulons nous assurer de la sécurité des enfants», a déclaré le porte-parole du ministère de la Famille, Étienne Gauthier.

Deux mères dont les enfants fréquentaient cet établissement déplorent cette fermeture. Selon elles, les tout-petits sont en sécurité et reçoivent une bonne éducation. «Toutes les autres garderies sont pleines, dans les Laurentides. Après Noël, je ne sais pas ce que je vais faire» dit Frédérique David, maman de la petite Margot, 5 ans.

La directrice de la garderie, Denyse Richard, travaille dans le milieu éducatif depuis 25 ans. En 1989, elle s'est installée à Morin Heights et a ouvert une garderie chez elle. En 2005, elle a construit une école primaire à proximité. Cet établissement possède un permis du ministère de l'Éducation.

Demande de permis

Même si elle dirigeait une garderie depuis 1989, ce n'est qu'en mai 2007 que Mme Richard a décidé de faire une demande de permis au ministère de la Famille. Pourquoi ne pas l'avoir fait avant? «Parce que personne du Ministère n'était venu me voir pour me demander ce permis. Et je n'avais aucune plainte des parents», explique Mme Richard.

En septembre 2008, Mme Richard a déménagé sa garderie dans son école primaire pour avoir plus d'espace. Elle dit en avoir avisé le ministère de la Famille. «Je n'ai pas eu de retour pendant des mois. Je pensais que ma demande de permis cheminait et que c'était seulement très long, dit-elle. Mais en avril dernier, une inspectrice du ministère de la Famille est venue et m'a dit que j'exploitais une garderie de 30 enfants sans permis.»

Mme Richard a donc intensifié les pourparlers avec Québec. «J'ai envoyé des plans d'agrandissement. Plusieurs versions, parce que le Ministère me demandait toujours de les corriger», dit-elle. En octobre, une autre inspectrice est venue et a conclu que la garderie était toujours illégale. À la fin du mois de novembre, les parents ont reçu une lettre les informant que l'établissement fermerait ses portes le 13 décembre. Un délai a finalement été accordé jusqu'au 21 décembre.

Mme Richard a été surprise par cette décision. Selon elle, presque rien ne s'est passé entre 2007 et 2010. Le gouvernement n'avait formulé aucune demande et ne semblait pas porter attention à son dossier, donc elle ne savait pas quoi améliorer pour obtenir son permis. Chantal Iasenza, dont le fils fréquente la garderie de Mme Richard, estime que le Ministère devrait donner un délai supplémentaire de six mois à la garderie. Pour les parents, le casse-tête est énorme: «Il n'y a pas d'autres places dans les Laurentides, et on ne sait pas si l'école du quartier pourra prendre la dizaine d'enfants de maternelle. Selon moi, ce n'est pas que la garderie ne veut pas se conformer aux exigences, il faut juste plus de temps.»

Pour ne pas déstabiliser sa fille, Mme David ne lui a pas encore dit que sa garderie est maintenant fermée. «Ma fille adore aller là. C'est un milieu extraordinaire. Elle apprend beaucoup. Elle n'est pas en danger! Quel beau cadeau de Noël le ministère de la Famille nous fait...»

M. Gauthier dit comprendre les problèmes des parents. Mais il martèle que le gouvernement doit s'assurer de la légalité des garderies. «Si l'établissement finit par se conformer, il pourra rouvrir ses portes», dit-il.