Fauchés, les étudiants? C'est ce que soutient la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) dans son étude sur les sources et modes de financement des étudiants de premier cycle, parue la semaine dernière. De plus en plus en situation précaire et de plus en plus endettés, les étudiants québécois appréhendent l'augmentation vraisemblablement imminente des droits de scolarité.

L'endettement, Vincent connaît. Ce père de famille, au milieu de la trentaine, a repris il y a un peu moins de deux ans des études de droit dans une université de Montréal. Pendant ses études à temps plein, il fait vivre femme et enfants avec 19 000$ par année de prêts et bourses. «Je ne peux pas imaginer que ça devienne plus précaire qu'en ce moment», dit-il.

Pour boucler les fins de mois, Vincent se tourne vers la Mission Bon Accueil pour l'aide alimentaire et la papeterie scolaire. Vincent est loin d'être un cas exceptionnel. L'organisme Moisson Montréal s'est alarmé, lors de la présentation de son dernier Bilan de la faim, de la hausse du nombre d'étudiants qui ont recours aux banques alimentaires depuis un an.

«Il y a une hausse de 100% de cette clientèle. En chiffres absolus, les étudiants restent encore peu nombreux, mais il semble clairement y avoir une tendance», a dit Danielle Blain, directrice du financement et des communications de Moisson Montréal.

Faut-il tirer la sonnette d'alarme? Laura Stanbra, directrice de l'aide financière et des bourses à l'Université Concordia, se fait rassurante: «Pour nous, c'est toujours un problème de trouver de l'argent, mais dans notre bureau on a le même pourcentage d'étudiants qui en font la demande.»

Pourtant, sur le terrain, les signes de détérioration de la situation financière des étudiants se multiplient, soutient la FEUQ. Une majorité d'entre eux a recours à l'endettement privé et, notamment, aux cartes de crédit. Pourtant, les étudiants n'ont jamais été aussi nombreux à travailler: un quart d'entre eux travaillent plus de 20 heures par semaine, selon la FEUQ.

«L'endettement a un impact sur les études. À l'entrée, c'est un repoussoir. Pendant, les étudiants préfèrent travailler, mais la qualité des études s'en ressent. Et à la sortie, l'endettement mine l'insertion professionnelle du diplômé», explique Louis-Philippe Savoie, président de la FEUQ.

Le portrait de la situation financière des étudiants québécois n'est guère reluisant. La moitié d'entre eux bénéficient d'un financement de 12 200$ par année ou moins, selon la FEUQ. Pour un quart, ce plancher tombe à 7400$ par année. Les moyens d'une partie des étudiants étant plutôt limités, pour la moitié d'entre eux, les droits de scolarité absorbent 20% de leur financement.

«Ce qu'il faut faire, selon nous, c'est arrêter de pelleter dans la cour des étudiants et de leurs familles. Les études, cela ne rapporte pas seulement aux étudiants, mais à toute la société. Il faut aussi bonifier nos programmes d'aide financière aux études et s'assurer qu'ils collent à la réalité», dit M. Savoie.