Les droits de scolarité dans les universités doivent être haussés de 504 $ par année sur une période de trois ans à partir de 2012-2013 afin qu'ils retrouvent la valeur réelle de 1968-1969. Et au-delà de 2015, il faut déjà envisager d'autres hausses ou alors d'autres sources de financement pour les universités, plaident les recteurs dans un avis rendu public aujourd'hui.

Selon les calculs de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ), les établissements du reste du Canada peuvent compter annuellement sur 620 millions de plus que nos universités pour accomplir la même mission, ce qui fragilise notre réseau.

Lundi, lors de la rencontre portant sur les universités organisée par le ministère de l'Éducation, la CREPUQ recommandera aussi que le quart de la hausse annuelle de 504 $ en droits de scolarité soit consacré à l'aide financière aux étudiants.

Comme le suggérait le comité présidé par Lucien Bouchard en février - dont s'inspire largement le présent avis de la CREPUQ - les recteurs recommandent aussi que les étudiants de programmes coûtant le plus cher et promettant les meilleurs revenus paient des droits de scolarité plus élevés que les étudiants des autres départements.

Les recteurs, dans leur avis, insistent largement sur l'importance de hausser les droits de scolarité et le financement gouvernemental pour maintenir à flot des universités encore de qualité, mais très proches du point de rupture.

En revanche, les recteurs n'évoquent pas, par exemple, la dérive immobilière qui a secoué l'UQAM, pas plus qu'ils ne remettent en question leur gestion, de quelque manière que ce soit.

En entrevue ce matin, Daniel Zizian, directeur général de la CRÉPUQ, a relevé que les dérives immobilières n'avaient pas été généralisées, ajoutant qu'il fallait aussi prendre en considération le fait que «les universités ont été ces dernières années un des plus importants promoteurs immobiliers au Québec, quand on regarde tous les édifices construits ».

Est-ce donc de béton dont ont besoin les universités? À cela, M. Zizian a noté qu'en termes de mètres carrés par étudiant, les universités québécoises ne sont certainement pas particulièrement gâtées.

L'avis de la CREPUQ, pas plus que M. Zizian en entrevue, ne remet pas non plus en cause les dédoublements, ces campus qui se construisent tout près de campus déjà existants (l'Université de Sherbrooke installée à Longueuil, aux portes de Montréal) ou l'Université du Québec à Trois-Rivières qui a installé certaines de ses pénates à côté de l'Université Laval, pour ne nommer que ces cas.

L'avis de la CREPUQ ne fait pas mention non plus de ce que les étudiants obtiendront en plus en retour de droits de scolarité haussés. En auront-ils plus pour leur argent? Auront-ils droit à des classes moins surchargées? À des professeurs plus nombreux, donc plus accessibles?

M. Zizian assure que la question n'a pas été abordée dans l'avis, mais qu'elle le sera largement lundi à la rencontre avec Line Beauchamp,  ministre de l'Éducation. L'intention, dit-il, est « d'améliorer l'expérience étudiante » tout en donnant de l'air à des universités fragilisées.