Déjà tout petit, Thomas, aujourd'hui âgé de 9 ans, avait beaucoup d'agressivité et certains troubles du comportement. Obtenir un diagnostic a été long. Mais après une longue épopée, le verdict est tombé: Thomas est atteint du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme.

À son entrée à l'école de quartier, le diagnostic n'avait pas encore été posé. Sa première année a été difficile: expulsions à répétition, crises... «Je discutais beaucoup avec l'école. Je donnais des trucs pour mieux encadrer Thomas et éviter les crises. Mais on ne m'écoutait pas», raconte la mère, Lyne Laporte.

À la demande de la direction, Mme Laporte a accepté d'envoyer son fils quelques heures par semaine dans un centre spécialisé à Laval. «Dans ce groupe de six élèves, on lui a appris à gérer sa colère. Ç'a duré six mois, à temps partiel. Ç'a été un véritable succès», selon Mme Laporte.

À son retour à temps plein à l'école ordinaire, Thomas s'est un peu mieux intégré, mais certaines difficultés de comportement ont persisté. Il a eu son diagnostic au cours de sa première année. «Il aurait alors eu droit à des services, mais presque rien ne lui a été donné avant sa troisième année», regrette Mme Laporte.

Et en troisième année, malgré les services offerts, l'école n'avait pas vraiment la volonté d'aider son enfant, selon Mme Laporte. «Après trois semaines d'école, j'ai rencontré l'enseignante et la travailleuse sociale de Thomas, dit-elle. Aucune ne connaissait encore son dossier! Mon enfant est coté et l'école reçoit plus d'argent pour lui, mais rien n'était fait! J'étais enragée.»

En outre, la relation entre Thomas et sa travailleuse sociale était mauvaise et l'enfant s'est mis à dire qu'il ne voulait plus aller à l'école. En cours d'année, une nouvelle travailleuse sociale est arrivée. «La relation était parfaite, raconte Mme Laporte, mais on l'a elle aussi remplacée avant la fin de l'année. Ç'a été la crise encore une fois. On m'a recommandé de changer d'école.»

Mais Mme Laporte n'a pas lâché. Elle a réussi à obtenir plus de services pour son fils. Cette année, les choses vont plutôt bien. «Mais pour que l'intégration réussisse, il faut que tout le monde se parle et soit ouvert. Il faut travailler de concert», croit-elle.

Selon Mme Laporte, la meilleure option pour son fils demeure l'intégration dans une classe ordinaire. «Les autistes imitent beaucoup les autres, explique-t-elle. Dans une classe spéciale, il serait tiré vers le bas. Thomas n'a aucune déficience intellectuelle. Il est brillant. Il peut apprendre autant que les autres.»

Mme Laporte a vécu d'autres épreuves avec son fils de 11 ans, Lawrence, à qui on a diagnostiqué un trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) l'an dernier, alors qu'il était en cinquième année. «On savait qu'il avait quelque chose, mais il avait toujours bien réussi à l'école malgré sa différence. Or, son TDAH s'est aggravé l'an dernier et ses notes ont chuté. On a demandé un diagnostic.»

Selon Mme Laporte, les plans d'intervention auprès des enfants en difficulté ne se concentrent que sur la réussite scolaire: «On ne met pas en place des solutions pour améliorer les comportements. On ne cible que les notes. C'est dommage. Les enfants en difficulté décrochent de l'école parce qu'ils en arrachent. Mais si on les prenait en charge correctement, tout irait mieux.»

Ayant vécu deux fois l'intégration de ses fils en classe ordinaire, Mme Laporte s'estime bien placée pour dire que des changements majeurs doivent être apportés au Québec. Elle travaille d'ailleurs à mettre sur pied un organisme pour aider les parents dans leurs démarches d'intégration.