Le gouvernement Charest accuse un retard important dans la livraison des places de garderie promises il y a deux ans. Des 18 000 places que la ministre Michelle Courchesne avait annoncées pour septembre 2010, plus de 7000 n'ont pas encore été ouvertes.

Selon les informations que La Presse a obtenues, il y a quelques jours, la ministre de la Famille, Yolande James, a obtenu ce bilan bien mitigé qu'elle avait demandé à ses fonctionnaires à son entrée en fonction en août. En deux ans, on n'a réussi à ouvrir que la moitié des places qui devaient être prêtes le mois dernier.

On vise désormais la fin de l'année financière pour la livraison de ces places en CPE, promises en août 2008.

«Je suis la première à le dire. C'est certain que j'aimerais mieux vous dire que tout est prêt. On aimerait mieux que cela aille plus rapidement, mais il n'est pas question de mettre la santé des enfants en jeu. On veut le faire rapidement, mais, avant tout, on doit le faire correctement», a indiqué Mme James, que La Presse a jointe hier.

«On crée des places tous les jours. La majorité a été livrée, mais ce qui est prévu est que toutes ces places soient prêtes pour la fin de l'année financière», a-t-elle expliqué.

«Au moment où les appels d'offres ont été lancés, on a voulu rendre les places disponibles le plus rapidement possible», a souligné la ministre.

Selon la critique du PQ en matière de questions familiales, Carole Poirier, le gouvernement n'a que lui à blâmer pour ce retard. «Ils se sont traîné les pieds. Ils ont pris des retards pour la première et la deuxième année. C'est souvent des délais de construction, les raisons sont multiples, mais ce sont toujours les parents qui en font les frais», soutient la députée péquiste d'Hochelaga-Maisonneuve.

Selon elle, «il y a un délai qui peut atteindre un an voire deux entre l'annonce et l'ouverture. Dans ma circonscription, il y a un CPE qui a été annoncé en 2008 et a été retardé à cause de la proximité d'un réservoir d'essence. Il sera ouvert à la fin de l'année», illustre Mme Poirier.

Dans plusieurs cas retardataires, des problèmes «imprévisibles» sont apparus, a soutenu la ministre James. «Dans certains cas, la décontamination des sols a été plus longue que prévu, ailleurs c'est la stabilité du bâtiment qui est en cause. On ne veut pas faire de compromis sur la santé et la sécurité des enfants», a indiqué Mme James.

De plus, «il ne faut jamais oublier que c'est un réseau qui a progressé rapidement. À la fin de l'année financière, en mars 2011, on aura 220 000 places ouvertes», a-t-elle rappelé. D'ici la fin du mandat du gouvernement, 15 000 autres places devraient s'ajouter, à la suite d'un engagement du PLQ fait au cours de la campagne électorale de l'automne 2008.

Selon la péquiste Carole Poirier, cette promesse de 15 000 places supplémentaires est bien «tordue». «Ils ont fait un trou en 2006-2007 où ils ont cessé de créer de nouvelles places. Ces 15 000 places seront seulement "annoncées" d'ici la fin du mandat, pas nécessairement réalisées. C'est une annonce tordue où on a joué sur les mots» accuse-t-elle.

Yolande James admet facilement qu'il manque de places, mais moins qu'on ne le prétend, toutefois. L'évaluation précise de l'attente n'est pas terminée. La liste centralisée, même si l'inscription est facultative, permet de constater que des parents sollicitent des places à plus d'un CPE. «Cela ne nous empêche pas de constater qu'il y a tout de même des besoins», convient-elle.

Pourtant, il y a deux ans, Mme Courchesne avait expliqué que ces 18 000 places avaient été ajoutées en raison des besoins plus importants que prévu. «Ce n'est pas parce que nous avions mal évalué, mais c'est parce qu'il fallait tenir compte d'une réalité qui est en train de se s'installer au Québec», c'est-à-dire l'augmentation des naissances, avait-elle expliqué à l'été 2008.