Une dizaine d'écoles du quartier Côte-des-Neiges à Montréal ont failli perdre leur service d'aide à l'étude cette année, par manque de budget. Cette menace de coupe de services dans un des quartiers les plus pauvres de la métropole est la conséquence directe des nouveaux indices de défavorisation établis par le ministère de l'Éducation et le Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal (CGTSIM) l'an dernier, et qui ont fait perdre des milliers de dollars en subventions à 50 écoles montréalaises.

«On commence à peine à voir les conséquences des nouveaux indices de défavorisation que nous a imposés Québec. Dans les prochaines semaines, on notera encore plus ses effets», prévient le porte-parole de l'Alliance des professeurs de Montréal, Yves Parenteau.

Depuis des années, le ministère de l'Éducation (MELS) et le CGTSIM attribuent des indices de défavorisation aux écoles. L'an dernier, les deux organismes ont modifié leur façon de calculer ces indices. Conséquence : des dizaines d'écoles, dont plusieurs dans le quartier Côte-des-Neiges, ont perdu leur statut de «défavorisés» et les précieuses subventions qui l'accompagnent.

«À Montréal, 50 écoles ont perdu leur statut. Toutes les subventions qui en découlaient ont été perdues. Puisque les écoles reçoivent leur financement le 30 septembre de chaque année, les changements et les coupes de services qui en découlent sont donc visibles depuis cette année seulement», explique M. Parenteau.

«L'impact de ces changements est incroyable! Certains établissements qui étaient considérés comme très défavorisés ne le sont plus. La façon d'identifier les écoles est nébuleuse. Les clientèles ne changent pas du jour au lendemain», déplore la présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissements d'enseignement (FQDE), Chantale Longpré.

Dans le quartier Côte-des-Neiges, plusieurs écoles ayant perdu leur indice de défavorisation ont envisagé de supprimer leurs services d'études supervisées, a appris La Presse. Mais une intervention de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) a permis d'éviter cette rupture de services. «On a décidé de payer pour maintenir le service dans ces écoles», affirme le porte-parole de la CSDM, Alain Perron.

Ce dernier déplore que la langue parlée par les parents ne soit pas considérée dans l'attribution des indices de défavorisation. «Dans un quartier à forte immigration comme Côte-des-Neiges, où plusieurs parents ne parlent pas français, le service d'étude supervisée est très important pour la réussite des enfants», mentionne M. Perron.

Pour M. Parenteau, la situation vécue dans le quartier Côte-des-Neiges n'est que la pointe de l'iceberg. «D'autres services seront coupés dans d'autres écoles. C'est très dommageable. Parce que ce n'est pas vrai que du jour au lendemain, la clientèle a changé dans ces secteurs», dit M. Parenteau.

Le MELS a été incapable d'offrir des explications sur les changements d'indices de défavorisation, hier. Le CGTSIM n'a pas rappelé La Presse.

Intégration massive

Par ailleurs, le MELS a publié vendredi dernier un document préparatoire en vue de la grande Rencontre sur l'intégration des élèves handicapés ou en difficultés d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA), qui se tiendra le 25 octobre prochain à Québec.

Dans ce document, on peut voir qu'alors que le nombre total d'élèves dans les écoles primaires et secondaires du Québec a diminué de 1 001 050 à 885 575 entre 2002 et 2010, le nombre d'élèves EHDAA a crû de 135 563 à 162 800.

À Montréal, ces élèves en difficulté d'apprentissage sont de plus en plus intégrés dans les classes régulières. En 2002, 61,3% d'entre eux fréquentaient des classes régulières contre 65,5% aujourd'hui.

Le taux de réussite des élèves EHDAA est d'environ 25%.