Depuis maintenant deux semaines, les élèves issus du renouveau pédagogique ont fait leur entrée au cégep. Plusieurs prédisent que le trimestre sera difficile pour ces «enfants de la réforme». Afin de voir comment se déroule leur entrée dans le monde collégial, La Presse a décidé de suivre quatre élèves.

Aujourd'hui, Alexis, Émilie, Hannah et Amélie parlent de leurs premières impressions et de leurs objectifs pour les prochains mois. Nous recueillerons aussi leurs commentaires aux examens de mi-trimestre et de fin d'année.

Gérer les partys

Nom: Alexis Caron

Âge: 17 ans

Domaine d'études: art et technologie des médias

Lieu: cégep de Jonquière

Après deux semaines de classe, Alexis remarque que le cégep demande bien plus d'autonomie que le secondaire: «On a beaucoup de liberté. Dans la classe, le professeur ne nous dit plus quoi noter. On doit voler de nos propres ailes!»

Mais Alexis est loin d'être impressionné par cette soudaine autonomie. Son plus grand défi au cégep sera d'une tout autre nature. «Je vais devoir apprendre à gérer ma vie d'étudiant... Il y a beaucoup de partys!» note ce Montréalais, qui vit maintenant loin du nid familial. Alexis estime que son passage au collégial se déroule bien jusqu'à maintenant. Il prévoit déjà obtenir de bonnes notes en géographie et en français. «Mon cours de Recherche de l'information a l'air plus difficile, dit-il. Mais j'ai le goût d'avoir de bonnes notes. Je sais que je suis dans la bonne branche. J'ai choisi mes cours. C'est motivant. Je vais me forcer.» Le changement qu'Alexis appréhende le plus concerne les examens: «J'ai toujours eu le droit de consulter mes notes, au secondaire. Plus maintenant. Je vais devoir m'adapter.» Le jeune homme, qui a obtenu une moyenne de 82% au secondaire, croit que sa cohorte, la première issue du renouveau pédagogique, n'aura pas plus de difficultés au cégep que ses prédécesseurs. «On était les premiers à subir la réforme. Les profs n'étaient pas encore habitués et ils n'utilisaient pas tous le programme. On a plutôt appris selon une approche mixte, pense-t-il. Ça va bien aller.»

Travailler fort

Nom: Émilie Major-Parent

Âge: 17 ans

Domaine d'études: thanatologie

Lieu: cégep de Rosemont

Émilie a toujours eu un intérêt pour les milieux funéraires. C'est pourquoi, quand un orienteur de passage à son école secondaire lui a suggéré de s'inscrire en thanatologie, Émilie a aussitôt accepté. Après deux semaines de cours, elle ne le regrette pas: «J'aime vraiment mes cours!»

Émilie a toutefois été surprise par le degré de latitude qui lui est maintenant donné. «On ne nous encadre plus du tout. Toute la matière nous est garrochée. On ne prend pas le temps de nous expliquer les travaux en détail comme on le faisait au secondaire. Il faut être organisé!» remarque-t-elle.

Même si Émilie est excellente à l'école (elle a obtenu une moyenne de 89% au secondaire), elle prévoit que son cours de déontologie sera difficile: «On a un gros travail de session à faire et je ne suis pas encore certaine d'avoir tout compris!»

Appréhende-t-elle les examens de mi-trimestre? «Je crois que ça va bien aller. Mais je vais devoir m'investir plus dans mes études», dit-elle.

Du pain sur la planche

Nom: Hannah Brais-Harvey

Âge: 16 ans

Domaine d'études: sciences de la nature

Lieu: cégep de Rouyn-Noranda

À son entrée au cégep, il y a deux semaines, Hannah a été fortement impressionnée par la quantité d'élèves qui fréquentent l'établissement. «Il y a bien plus de monde que dans ma petite école de LaSarre!» dit-elle.

Les prochains mois s'annoncent chargés pour Hannah, qui veut devenir médecin. «Je vais devoir travailler vraiment fort. Ce n'est pas si difficile, le cégep, mais je n'étais pas prête à avoir autant de devoirs et de lectures», dit la jeune fille, qui fêtera ses 17 ans le 30 octobre.

Hannah prévoit déjà obtenir de bonnes notes en biologie, mais pas en chimie. Le fait que les exigences pour être admis à la faculté de médecine soient très élevées l'inquiète un peu. «Au pire, je changerai de domaine. Mais je vais travailler fort pour essayer d'y arriver.»

Quand on lui demande si le fait d'être de la première cohorte d'élèves de la réforme est difficile, Hannah ne sait trop que répondre. «On ne peut pas se comparer. Mais je suis certaine que ce n'est pas si mal, dit-elle. On va bien réussir au cégep.»

Difficultés en vue

Nom: Amélie Lalande

Âge: 17 ans

Domaine d'études: thanatologie

Lieu: cégep de Rosemont

Amélie s'est inscrite au programme de thanatologie parce qu'elle voulait devenir assistante en pathologie. «On vient de me dire que la technique ne pourra pas me mener à ça! Mais ce n'est pas grave. Je vais finir le programme quand même», dit la jeune fille, qui avait une moyenne de 75% au secondaire.

Les premiers cours au collégial ont été «assez difficiles» pour Amélie, parce qu'elle trouve qu'elle est «moins encadrée». Elle estime que le fait d'être une élève du renouveau pédagogique y est pour quelque chose. «Avec la réforme, on nous donnait quasiment toutes les réponses pour passer. Plus maintenant!»

Amélie déplore au passage que la réforme ait éliminé les cours d'économie. «Comme jeunes, on a maintenant accès au crédit. C'est important de savoir faire un budget», dit-elle.

Elle ajoute que les cours d'éducation à la sexualité n'auraient jamais dû être éliminés du cursus. «On vit dans une société ouverte. C'est important d'avoir des cours sur ça. J'ai eu un seul cours durant mon secondaire qui résumait les moyens de protection. Ce n'est pas assez», dit-elle.

Amélie croit que ce qui s'est dit dans les médias à propos des jeunes du renouveau pédagogique était parfois exagéré. «Mais quand on dit que nous aurons des difficultés au cégep, je pense que c'est vrai!»