La FECQ presse le ministère de faciliter l'intégration au collégial des élèves de la réforme.

Les élèves issus du renouveau pédagogique, qui ont fait hier leur entrée au cégep, «ne sont pas moins bons» que leurs prédécesseurs, mais ils sont tout de même «différents», et le ministère de l'Éducation devrait agir rapidement afin de faciliter leur intégration au collégial, croit la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).

«Les élèves de la réforme ont été beaucoup dénigrés. C'est déplorable, car ils sont meilleurs à certains égards. Ils sont par exemple plus autonomes et ils communiquent mieux. Si on les aide, ils vont réussir. Mais c'est une préoccupation très grande pour nous de faciliter le passage de ces élèves au collégial», a mentionné hier matin le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin.

Rencontrée dans une classe d'infographie du cégep Ahuntsic hier matin, Sandrine Le Foll, 17 ans, craint le cégep: «Je viens d'une école où la réforme était très appliquée. Je n'ai jamais eu de cours magistral. Le cégep va me demander plus de concentration.»

À ses côtés, Kim Fontaine, 17 ans, se sent au contraire prête à affronter le cégep: «J'ai toujours su que notre génération était différente et qu'on était en quelque sorte testés par la réforme. Mais je ne suis pas inquiète pour le cégep. Après tout, ce n'est pas tous les profs du secondaire qui ont appliqué la réforme avec nous!»

Le défi des sciences de la nature

La FECQ croit que les élèves inscrits en sciences humaines au cégep réussiront mieux que ceux des générations précédentes. «Ils ont reçu plus d'heures d'enseignement en histoire. Ils sont aussi plus sensibilisés à la politique et au monde contemporain», estime Léo Bureau-Blouin.

En revanche, selon lui, la réussite des élèves en sciences de la nature est plus incertaine: «Il y a eu beaucoup de changements dans les cours de mathématiques avec le renouveau pédagogique.»

L'option technico-sciences au secondaire, qui permet aux élèves d'accéder au programme de sciences de la nature, a éliminé des notions d'algèbre. «Or, il y a beaucoup d'algèbre dans le premier cours de mathématiques au cégep. On craint les échecs», note Léo Bureau-Blouin.

Il ajoute que les enfants du renouveau pédagogique «sont moins habitués à utiliser leurs capacités d'abstraction», ce qui pourrait poser problème en sciences de la nature. «Il faut que les enseignants reçoivent de la formation pour composer avec cette nouvelle génération d'élèves, plaide Léo Bureau-Blouin. On demande au ministère de l'Éducation de les aider.»

La nouvelle ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, n'était pas disponible, hier, pour commenter ces propos.

Le président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ), Jean Trudelle, aimerait «partager l'optimisme» de la FECQ et dire que les élèves du renouveau pédagogique seront meilleurs. «Mais on ne peut pas le dire. Le choc de la réalité s'en vient», soutient-il.

M. Trudelle craint principalement pour la qualité de la formation collégiale. «Les enseignants risquent de se retrouver dans des situations où ils devront décider de faire échouer 20% de leur classe ou d'abaisser leurs exigences pour ne pas punir une cohorte d'élèves qui sont en quelque sorte des cobayes de la réforme», dit-il.