Dix ans après l'implantation de la réforme scolaire, c'est aujourd'hui que la première génération d'élèves issue du renouveau pédagogique commence le cégep. L'arrivée de cette cohorte suscite des craintes chez les professeurs et les étudiants, qui redoutent des taux d'échec plus élevés.

«Le but de la réforme, c'était de nous amener des étudiants mieux préparés, mais au moment où elle arrive, tout le monde a peur qu'ils soient moins bien préparés», a déclaré hier Jean Trudelle, président de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN).

Plusieurs membres de la FNEEQ-CSN sont inquiets, constate Jean Trudelle. Comme tout le monde, dit-il, ils ont entendu les critiques qui déplorent la qualité de l'apprentissage sous la réforme. Les professeurs craignent également de se retrouver devant un «melting pot» d'élèves, puisque la réforme a été implantée différemment d'une école à l'autre.

«Si, dans l'ensemble, les étudiants sont moins bien préparés et que nous maintenons les mêmes exigences, les taux d'échec vont nécessairement augmenter», a prévenu M. Trudelle.

La première session est pourtant cruciale dans le cheminement et la motivation des élèves, souligne-t-il. «Si la masse d'étudiants se retrouve devant des difficultés importantes, on a tout un problème. Qu'est-ce qu'on fait? s'est-il demandé. Est-ce qu'on sacrifie les exigences collégiales? Est-ce qu'on met en place des mesures d'aide particulières?»

La FNEEQ-CSN, qui représente 27 000 membres dans toute la province, entend prendre le pouls des professeurs à la mi-session.

Les élèves réclament des changements

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) redoute également une période de transition difficile. Lors d'une conférence de presse, aujourd'hui, la FECQ formulera huit recommandations à la ministre de l'Éducation afin d'assurer une meilleure intégration des jeunes de la réforme au cégep.

«S'il n'y a pas de modifications urgentes apportées au contenu pédagogique de certains programmes d'étude au niveau collégial, il y aura de très graves problèmes», prévoit Léo Bureau-Blouin, président de la FECQ.

Selon M. Bureau-Blouin, qui représente quelque 55 000 élèves au Québec, le Ministère doit modifier le contenu de certains cours pour les adapter aux étudiants issus de la réforme.

La nouvelle cohorte aura nécessairement un bagage académique différent, selon Léo Bureau-Blouin. Essentiellement, la réforme de l'éducation mise sur les compétences plutôt que sur la transmission des savoirs. «On peut penser que ces étudiants auront une plus grande autonomie et une meilleure connaissance du monde, ce qui pourrait les avantager dans certains programmes, comme en sciences humaines», estime M. Bureau-Blouin.

Selon lui, les nouveaux venus pourraient toutefois présenter des lacunes dans les matières nécessitant des connaissances de base, comme le français, les sciences et certains programmes techniques.