Après avoir craint la fermeture, l'Académie Lavalloise pourra finalement offrir des services éducatifs cette année. Même si le permis de cette école privée non subventionnée de Laval n'a toujours pas été renouvelé, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, tolérera que des cours y soit donnés jusqu'à l'été prochain. Mais l'Académie devra se plier à une série d'exigences, sous peine de devoir fermer définitivement ses portes en juillet 2011.

L'école devra notamment respecter la Loi sur l'enseignement privé en utilisant du matériel didactique approuvé, en embauchant du personnel légalement qualifié, en achetant des ordinateurs et en exigeant des frais de scolarité (qui diffèrent des droits de scolarité) moins élevés, soit 200$ au lieu de 250$.

L'établissement devra aussi suivre le Régime pédagogique en cessant d'enseigner l'anglais à la maternelle et en utilisant des bulletins conformes. «L'Académie Lavalloise devra se conformer aux conditions édictées, à défaut de quoi elle ne pourra continuer à exercer ses activités sous aucune considération à compter du 1er juillet 2011», a écrit le ministère de l'Éducation dans un communiqué publié lundi soir.

Parents inquiets

Cette «tolérance administrative» soulagera les parents des quelque 300 enfants inscrits à l'Académie Lavalloise. Le 19 juillet, plusieurs avaient été pris de court en apprenant que le permis de l'école ne serait pas renouvelé et que l'établissement était désormais fermé. De nombreux parents ont tenté d'inscrire leurs enfants dans d'autres écoles. Mais en plein coeur de l'été, alors que tous les bureaux administratifs sont fermés, l'opération s'est révélée ardue.

Dans les dernières années, l'Académie Lavalloise a reçu maints avertissements du Ministère parce qu'elle ne respectait pas plusieurs règlements de la Loi sur l'enseignement privé et du Régime pédagogique. On l'a avisée à plusieurs reprises des conditions qu'elle devait respecter pour pouvoir conserver son permis. «Le défaut de respecter ces conditions et de démontrer une situation conforme a conduit le Ministère à aviser la direction de l'établissement à diverses reprises de la possibilité prévue par la Loi de révoquer le permis», indique le communiqué du gouvernement.

Dans les prochains mois, le gouvernement surveillera étroitement l'Académie Lavalloise. Un comité de suivi sera également formé. «Et l'an prochain, l'Académie Lavalloise devra refaire une demande de permis», a affirmé l'attachée de presse de la ministre Courchesne, Isabelle Mercille, qui a souligné que cette tolérance est «vraiment exceptionnelle» et a été accordée «pour ne pas nuire aux parents».

Autres cas

Le Ministère n'a pas toujours été aussi tolérant avec les écoles délinquantes. Au printemps dernier, Radio-Canada avait révélé que Québec exigeait la fermeture de l'Académie Yeshiva Toras Moshe, école de la communauté hassidique Satmar de Montréal, qui ne respectait pas plusieurs règles de conformité. L'établissement conteste actuellement cette décision devant les tribunaux.

Sans vouloir trop commenter le dossier, Mme Mercille a toutefois expliqué que, contrairement à l'Académie Lavalloise, l'Académie Yeshiva Toras Moshe n'avait jamais obtenu de permis et n'a donc jamais été légale aux yeux du Ministère, ce qui empêchait toute forme de tolérance administrative.