Le Parti québécois et Québec solidaire ont uni leurs voix à celles d'une vingtaine de syndicats et de groupes de défense de la langue française, hier, pour dénoncer le projet de loi 103. Ce projet, présenté la semaine dernière par le gouvernement Charest, veut encadrer l'accès à l'école anglaise pour les enfants allophones et francophones sans toutefois l'interdire, ce qui irrite les membres de la Coalition contre le projet de loi 103.

«La loi 103, c'est une attaque sans précédent contre le modèle d'intégration que sont les écoles publiques françaises», a déclaré hier après-midi la chef du Parti québécois, Pauline Marois.

 

Mme Marois a répété que le projet de loi 103 affaiblira le réseau scolaire francophone. C'est pourquoi la Coalition préconise le recours à la clause dérogatoire pour forcer l'application de la loi 101 dans les écoles anglaises du Québec.

Au Québec, seuls les enfants dont l'un des parents a fréquenté l'école anglaise au Canada peuvent aller à l'école anglaise. Pour contourner cette obligation, certaines familles envoyaient leurs enfants pendant quelque temps dans des écoles «passerelles» - des établissements privés non subventionnés de langue anglaise - et «achetaient» ainsi le droit de les envoyer ensuite dans le système scolaire anglophone.

Pour mettre fin à ce stratagème, Québec a adopté la loi 104 en 2002. Mais l'automne dernier, la Cour suprême a invalidé cette loi au motif qu'elle violait la Charte canadienne des droits et libertés.

Pour «colmater la brèche» des écoles «passerelles», le gouvernement Charest a présenté le projet de loi 103 la semaine dernière.

S'il est adopté, les enfants allophones et francophones du Québec devront avoir passé au moins trois ans dans un établissement privé anglais non subventionné pour avoir accès au réseau public anglophone. Une série d'autres conditions détermineront aussi le «parcours authentique» des élèves. Selon la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, il sera désormais beaucoup plus difficile d'intégrer le milieu scolaire anglophone.

Mais la Coalition contre le projet de loi 103 juge inacceptable que les écoles «passerelles» demeurent. «Le projet de loi confirme le droit d'acheter l'anglicisation de ses enfants et de leur descendance. Il est légitime pour les parents de vouloir que leurs enfants parlent deux ou trois langues. Mais l'apprentissage de ces langues secondes doit se faire à l'école française», croit le porte-parole du PQ sur les questions linguistiques, Pierre Curzi.

Au cours des prochains mois, les membres de la Coalition prévoient différentes manifestations. «Le mouvement Québec français sera remis sur pied», a annoncé le président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Mario Beaulieu.

Mme Marois encourage pour sa part tous les citoyens opposés au projet de loi 103 à se faire entendre aux consultations publiques qui auront lieu à l'automne.

 

QUELQUES MEMBRES DE LA COALITION CONTRE LA LOI 103

> Parti québécois

> Québec solidaire

> Bloc québécois

> Nouveau Parti démocratique

> Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal

> Centrale des syndicats du Québec

> Confédération des syndicats nationaux

> Fédération des travailleurs du Québec

> Syndicat de la fonction publique du Québec

> Conseil de la souveraineté

> Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ libre)