Les commissions scolaires anglophones ont vivement dénoncé le projet de loi 103 sur les écoles «passerelles» déposé hier à l'Assemblée nationale. Elles craignent que, s'il est adopté, le nombre d'écoliers qui s'inscrivent dans leurs établissements ne chute.

Selon l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec (ACSAQ), cette baisse pourrait être de 500 à 800 élèves annuellement.

 

«Cela représente un réapprovisionnement pour le système scolaire anglophone tandis que, pour le système scolaire francophone de près de 1 million d'élèves, cela ne demande que quelques réductions modestes et faciles à gérer», a affirmé hier après-midi, en point de presse, le président de la commission scolaire Lester-B.-Pearson, Marcus Tabachnick.

«Ce n'est pas beaucoup, mais ce n'est pas trop. Ça nous donne le petit bout d'oxygène dont nous avons besoin», a ajouté le directeur général de l'ACSAQ, David Birnbaum.

Avec son projet de loi sur les écoles «passerelles», le gouvernement Charest veut notamment hausser de un à trois ans le temps qu'un enfant doit passer dans une école privée non subventionnée avant d'avoir le droit de fréquenter le réseau public anglophone. Selon M. Birnbaum, il aurait été plus «raisonnable» de faire passer ce seuil de un à deux ans.

«Ce que nous dénonçons, c'est que nous sommes perçus comme des adversaires en ce qui a trait à la défense de la langue française au Québec, ce que nous rejetons totalement. Il y a un nombre important d'élèves dans nos classes qui réussissent mieux que leurs pairs francophones dans les examens de français langue maternelle», a-t-il fait valoir.

La présidente de l'ACSAQ, Debbie Horrocks, a pour sa part déploré que la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, ait refusé de rencontrer des représentants des commissions scolaires anglophones avant la rédaction du projet de loi.

Rappelons que le projet de loi 103 fait suite à la loi 104, adoptée à l'unanimité en 2002 sous le gouvernement Landry pour contrer le phénomène des écoles «passerelles». Elle a cependant été invalidée l'an dernier par la Cour suprême du Canada. En vertu de l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, les citoyens ont droit à l'instruction dans la langue de la minorité.

«Nous avons porté l'affaire devant la Cour suprême pour faire valoir que le gouvernement du Québec a certaines obligations à l'égard de l'accès à l'école anglaise, a dit Mme Horrocks. Nous avons souligné qu'elles pourraient être respectées sans représenter aucune menace pour les protections légitimes et nécessaires de la langue française au Québec. La Cour suprême était du même avis que nous. Malheureusement, il semble que le gouvernement du Québec n'a pas eu le courage et le leadership nécessaires pour établir cet équilibre.»