Selon un récent sondage mené par les Syndicats des intervenantes en petite enfance (SIPE), 92% des CPE accueillent des enfants ayant des besoins particuliers. Mais selon 60% d'entre eux, les subventions reçues du gouvernement sont insuffisantes pour offrir des services de qualité.

Pour demander l'«Allocation pour l'intégration d'un enfant handicapé» du gouvernement, les CPE doivent tout d'abord obtenir une évaluation d'un professionnel, qui confirme les besoins particuliers d'un enfant.

 

«Obtenir cette évaluation, ce n'est pas toujours facile. Si les parents passent par la voie publique, l'attente est de dix-huit mois à deux ans», note la conseillère au soutien pédagogique au CPE Youppi de Laval, Ginette Garand.

«Un an dans la vie d'un enfant, c'est énorme! Et pendant ce temps, les éducatrices doivent gérer ces enfants. Elles se sentent souvent abandonnées», affirme le conseiller à l'action professionnelle à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Luc Allaire.

Une fois que l'enfant est évalué, le CPE peut obtenir la subvention. Une somme de 2200$ lui est versée pour l'ajout d'équipements spéciaux ou l'achat de matériel. Et une subvention supplémentaire de 37,30$ par jour est versée au CPE. «Cette somme doit être dirigée vers l'enfant en difficulté», précise le porte-parole du ministère de la Famille, Étienne Gauthier.

Par exemple, les CPE peuvent engager une éducatrice spécialisée quelques heures par jour, baisser les rapports éducatrices-enfants des groupes ou offrir de la formation continue. «Mais la subvention est la même, peu importe le degré de besoin des enfants», dénonce M. Allaire.

Et l'utilisation?

L'an dernier, le Ministère a dépensé 30 millions de dollars pour 4404 enfants en difficulté alors que seulement 2200 bambins ont obtenu cette subvention en 2003. Mais comment savoir si cette subvention est réellement consacrée à l'aide aux enfants et non pas utilisée pour éponger le déficit des CPE? Selon le sondage des SIPE, moins de 35% des CPE reçoivent les services d'une éducatrice spécialisée, et moins de 25% les services d'une orthophoniste.

M. Gauthier explique que les parents qui doutent que la subvention sert réellement leur enfant peuvent porter plainte au Ministère. En 2009-2010, 31 plaintes ont été faites concernant les allocations. «De ce nombre, 26 n'ont pas nécessité de mesures correctives», note M. Gauthier.

Le directeur du CPE Youppi à Laval, Jean-Pierre Germain, a quant à lui créé un comité d'intégration. «Les éducatrices, notre conseillère pédagogique, la direction... Tous y siègent pour décider ensemble de la meilleure façon d'utiliser les subventions», illustre-t-il.