Dès l'an prochain, la dizaine de musiciens professionnels qui enseignent le violon et le violoncelle aux écoles primaires Marcel-Vaillancourt et Des Cèdres, à Laval, devront céder leur place à des enseignants qui possèdent un permis en bonne et due forme.

Les parents de ces élèves, mécontents, craignent que la qualité de la formation n'en souffre et même que la sécurité de leurs rejetons ne soit menacée.

«C'est dommage! On s'est fait vendre ce programme, pour lequel on paie un supplément de 700$ par année, en se faisant dire que nos enfants recevraient un enseignement musical de qualité. Les professionnels sont là depuis 20 ans et nous font gagner des concours de musique chaque année ou presque! C'est triste de perdre ça», dit Josée Beaudry, dont la fille est en quatrième année à l'école Des Cèdres.

Chaque enfant inscrit dans les programmes de musique des écoles Des Cèdres et Marcel-Vaillancourt reçoit chaque année un total de 16 heures de cours privés donnés par un professionnel. Les violonistes ou violoncellistes de carrière qui donnent ces cours viennent principalement guider les enfants dans leur interprétation.

Mais ils ne possèdent pas de baccalauréat en enseignement. Cette situation irritait depuis des années le Syndicat de l'enseignement de Laval, qui a finalement convaincu cette année la Commission scolaire de Laval d'y mettre fin.

À compter de l'an prochain, les postes devront être affichés, et seuls les titulaires d'un baccalauréat en enseignement de la musique et spécialisés en violon pourront poser leur candidature.

Père d'une fillette qui fréquente l'école Des Cèdres, Jean Malenfant croit qu'il est inacceptable que les critères d'embauche aient ainsi été «diminués». «On a présentement des experts qui enseignent à nos enfants, et on veut diminuer les exigences. C'est déplorable», dit-il.

Selon lui, il y va de la sécurité des enfants que des professionnels leur enseignent l'interprétation. «La posture des enfants qui jouent du violon est capitale. Si elle n'est pas bien maîtrisée, il y a risque de se blesser, dit-il. Et c'est au tout début que les enfants doivent apprendre ces choses.»

Le violoniste Alexandre Da Costa abonde dans son sens. Il a même envoyé une lettre à la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, pour lui demander de continuer d'accepter que des musiciens enseignent dans les écoles. «On peut comparer le violon à la gymnastique. Si on faisait donner des cours de gymnastique par des gens qui ignorent la bonne posture et les trucs pour ne pas se blesser, on menacerait la sécurité des enfants», illustre M. Da Costa.

Selon lui, même si les enfants ne deviendront pas tous musiciens professionnels, il est crucial qu'ils apprennent la bonne technique. «Je vois beaucoup de gens qui ont la mauvaise technique et qui finissent par avoir des problèmes chroniques. Un musicien général qui n'a pas une formation complète en interprétation n'est pas assez outillé pour aider les jeunes à maîtriser la bonne posture», estime M. Da Costa.

Claudine Lefebvre, première vice-présidente du Syndicat de l'enseignement de Laval, n'est pas d'accord. «Ce n'est pas parce qu'un sportif est talentueux qu'il fait nécessairement un bon entraîneur. Un enseignant, c'est un pédagogue de formation. Il sait enseigner. Tout comme les cours d'histoire sont donnés par des enseignants, et non pas des historiens, on estime que les enseignants de musique sont tout à fait aptes à offrir les cours de violon.»

Mme Lefebvre comprend l'inquiétude des parents, mais elle assure que les enfants recevront un enseignement de qualité. «Dans nos écoles secondaires avec spécialisation en musique, ce sont des enseignants qui donnent la formation en interprétation, et tout se passe très bien.»

À la Commission scolaire de Laval, on refuse de commenter le dossier parce que «la situation est en évolution».