Une manifestation d'enseignants a mal tourné, mercredi, à l'école secondaire Polyjeunesse de Laval. À la demande des enseignants, qui négocient actuellement leur convention collective avec Québec, les élèves ont chahuté dans leur classe pendant 10 minutes. Mais certains jeunes qui se sont emportés ont abîmé des meubles et jeté des livres par la fenêtre. Un incident que déplore le Syndicat de l'enseignement de Laval.

Parmi les moyens de pression proposés par la Fédération autonome de l'enseignement, à laquelle sont affiliés les enseignants de Laval, on suggère de faire sortir les élèves de l'école 10 minutes par jour.

Mais à l'école Polyjeunesse, qui accueille 1500 élèves de première et deuxième secondaire, cette mesure est difficilement applicable. Les jeunes sont si nombreux qu'il est impossible d'assurer leur sécurité à l'extérieur.

C'est pourquoi le syndicat local a décidé de garder les élèves en classe, en leur demandant de faire du bruit pendant 10 minutes chaque jour. «Les profs nous ont demandé de faire du bruit en tapant sur les pupitres et en criant, mais ça a mal tourné», témoigne Kenya, une élève de deuxième rencontrée hier à la sortie des classes.

«Des élèves qui ont des troubles de comportement ont jeté des livres par les fenêtres», raconte Maxime, élève de deuxième année. «D'autres ont lancé des chaises et brisé du matériel», ajoute Jérémy, lui aussi en deuxième.

La présidente du Syndicat de l'enseignement de Laval, Chantal Crochetière, confirme ces affirmations: «Nous sommes immédiatement intervenus auprès des délégués locaux. Ils nous ont expliqué qu'ils voulaient éviter la cohue en sortant à l'extérieur. Il n'y avait pas de mauvaises intentions. On a bien précisé que notre lutte doit rester une lutte d'enseignants.»

Alex, un élève de première année, mentionne que les enseignants leur ont dit que cette mesure cesserait. «De toute façon, je ne vois pas vraiment ce que ça pourrait changer, le fait qu'on crie dans l'école», dit-il.

Hier après-midi, une poignée d'enseignants manifestaient devant l'école, armés de drapeaux et de sifflets. Tous ont déploré le dérapage de mercredi. Certains ont dit avoir donné des retenues aux élèves qui avaient abîmé du matériel.

«Mais on veut se faire entendre», affirme Danielle Labelle, qui enseigne depuis 27 ans à Laval et qui estime que la tâche des enseignants n'a jamais été si peu attrayante.

À Polyjeunesse, 600 des 1500 élèves font l'objet d'un «plan d'intervention», une mesure qui s'adresse aux élèves «à risque». «Et malgré le fait que l'intégration est massive, on a des classes de plus de 30 élèves. On dénonce ça aussi, la taille des groupes», ajoute Mme Labelle.

Mme Crochetière estime que la colère des enseignants face à leurs conditions de travail est «énorme». «À Laval, l'intégration des élèves en difficulté est massive. Malgré ça, nos enseignants tiennent leurs classes à bout de bras», dit-elle.