Père de trois enfants, Enock Tanguay est inquiet. Dès 2011, ses enfants risquent d'être envoyés dans une école de la ville de Richelieu plutôt que de fréquenter l'établissement de leur quartier, à Marieville. Car les baisses du rapport élèves-enseignants du ministère de l'Éducation entraînent d'importants mouvements d'élèves dans cette région.

«Marieville est un milieu défavorisé qui est en explosion démographique. Il n'y a plus de place à l'école primaire. L'an prochain, une partie des élèves seront transférés à Richelieu, à un peu plus de cinq kilomètres d'ici», dit-il.

M. Tanguay reconnaît que cinq kilomètres, ce n'est pas énorme. «Mais mes enfants vont se faire des amis à Richelieu. Je vais toujours devoir les amener chez leurs amis là-bas», s'inquiète le père.

La commission scolaire des Hautes-Rivières (CSHR) est confrontée à de grands défis organisationnels. Les baisses du rapport élèves-enseignants imposées par le gouvernement et les changements démographiques l'obligent à apporter d'importantes modifications dans ses établissements.

Par exemple, à Marieville, les écoles primaires Notre-Dame-de-Fatime et Crevier, qui sont classées parmi les plus défavorisées, se retrouveront avec des surplus d'élèves dès 2011, explique le directeur adjoint de la CSHR, François Lafortune.

«Une cinquantaine d'élèves devront changer d'école dès 2011 et une centaine d'élèves l'année suivante», affirme M. Tanguay, dont les trois enfants (Nicolin, 3 ans, Marion, 5 ans et Charli, 8 ans) risquent d'être transférés.

M. Tanguay prévoit que ce ne sera que les premiers de plusieurs changements. «Marieville continue de grossir. Il y a un projet de 800 nouvelles maisons en construction! On prévoit déjà que ces nouveaux élèves en trop seront transférés à Rougemont, car il n'y aura plus de place à Richelieu non plus! Ça n'a pas de bon sens. Les enfants de Marieville seront dispersés dans trois villes!»

Pas de nouvelle école

En plus de Marieville, certains élèves de la municipalité de Sainte-Angèle-de-Monnoir devront changer d'école et aller à Mont-Saint-Grégoire dès l'an prochain, pour les mêmes raisons.

M. Lafortune dit comprendre l'insécurité des parents devant ces changements. Mais selon lui, la CSHR n'a pas le choix. Car si certains secteurs comme Marieville et Sainte-Angèle-de-Monnoir enregistrent des hausses majeures de population, l'ensemble du territoire subit des baisses d'élèves depuis 1998.

«Parce qu'on est en déficit d'élèves, on ne peut pas demander des subventions pour des agrandissements ou de nouvelles écoles, même si dans certains secteurs on en voudrait», dit-il.

La CSHR doit donc se livrer à un important exercice de réorganisation. Des consultations sont actuellement en cours en vue des changements à implanter dès 2011.

À Marieville, M. Tanguay et un groupe de parents comptent bien contester les changements proposés. «On recueille des témoignages au secteurboisemarievillehotmail.com. Et on présentera un mémoire le 16 avril», dit-il.

Même s'il affirme qu'il tiendra compte des commentaires des parents, M. Lafortune explique que la commission scolaire doit apporter des changements. «Parce que si rien n'est fait, ce ne sera pas quelques élèves, mais bien des centaines que l'on devra bouger dans quelques années», dit-il.

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Demandes de construction de nouvelles écoles dans la région de Montréal

Carignan

Beloeil

Mirabel

Saint-Eustache

Pierrefonds

Saint-Laurent

Rapports maximaux élèves-enseignants proposés par la ministre Courchesne

>En milieux défavorisés

année | niveau | rapports maximaux | rapports moyens actuels

2010-2011 | 3e et 4e année | 20 | 24

2011-2012 | 5e et 6e année | 24 | 29

2012-2013 | 5e et 6e année | 20 | 29

>Pour tous les milieux

2011-2012 | 4e année | 26 | 29

2012-2013 | 5e et 6e année | 26 | 29